ETF synthétiques : Attention au risque de contrepartie !

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En gestion indicielle, on distingue les ETF physiques et les ETF synthétiques. La réplication physique consiste à investir dans toutes les valeurs qui composent l’indice en fonction de la pondération de chaque valeur dans l’indice. Cette gestion suppose que le gérant du fonds pondère à tout moment les valeurs dans le portefeuille en fonction de leur position dans l’indice. Le gestionnaire doit constamment gérer ses positions de façon à «coller» à son indice.

Réplication synthétique

La réplication synthétique consiste quant à elle à répliquer uniquement la performance de l’indice et non sa composition. Le fonds investit dans des valeurs très liquides. Cependant, ces valeurs ne correspondent pas à la composition de l’indice sous-jacent à l’ETF. Cette méthode consiste à confier les sommes placées dans l’ETF à une société de gestion. Cette société investira ces sommes dans un panier de valeurs de son choix.

Elle offrira ensuite, grâce à un swap, la performance de l’indice à l’émetteur de l’ETF. Le produit est alors composé à concurrence de 90% par des actions (autres que celles de l’indice de référence) et de 10% par un swap. Ces trackers constituent un produit structuré qui reprend un investissement dans des valeurs parfois très éloignées de celles l’indice et une construction de produits dérivés. Cette construction a uniquement pour but d’offrir la performance de l’indice de référence du tracker.

Avantage et risque

Pourquoi choisir une méthode aussi complexe pour répliquer la performance d’un indice ? « Une approche basée sur des swaps sera privilégiée par rapport à la réplication physique totale en cas d’accès difficile au marché ou de contraintes fiscales, ou de manière à optimiser les coûts de transaction pour les grands indices », explique Gregory Guerrand, Investment specialist chez BNP Paribas AM dans un article sur le blog de BNP Paribas AM. Concrètement, le fonds va investir dans un panier de valeurs très liquides. On retrouvera dans ce panier, par exemple, des actions de grandes capitalisations européennes, des bons du trésor américain ou des actions de grandes capitalisations internationales. Il faudra veiller à ce que ces actifs soient suffisamment liquides par rapport à leur corrélation avec l’indice de référence de l’ETF.

Mais cette structure présente un risque. En ce qui concerne le swap, l’émetteur de l’ETF doit être particulièrement vigilant dans le choix de ses contreparties. « Les contreparties des swaps seront uniquement choisies parmi les établissements éligibles, en fonction de leur expertise relative à la classe d’actifs/stratégie sous-jacente, de la compétitivité de leur offre de prix et de la qualité des valorisations et des services fournis. Nous travaillons actuellement avec sept contreparties », assure Gregory Guerrand.

Couverture

Les risques des swaps sont compensés par des recours à des garanties qui couvrent, en principe, 100% du risque. « La garantie est fournie en numéraire uniquement et le règlement est effectué quotidiennement », précise cet expert.

Que se passe-t-il en cas de défaut de la contrepartie du swap ? « Dans le cas où une contrepartie serait dans l’incapacité de satisfaire ses obligations, la perte subie par l’ETF sera limitée à la valeur de marché du swap, minorée de la valeur quotidienne de la garantie. Dans le cadre de la structure avec des swaps non financés, le panier de substitution et les garanties détenues par le dépositaire du fonds appartiennent à l’ETF » explique Gregory Guerrand.

En cas de défaut, le gérant de l’ETF a plusieurs possibilités. Soit, il peut décider de réaliser les actifs et de passer à la réplication physique. Soit, il peut prendre la décision de fermer le fonds (ETF). Dans ce cas, il remboursera les investisseurs. Dans un autre cas, il peut conclure un nouveau contrat de swap avec une autre contrepartie. Idéalement, un fournisseur d’ETF synthétiques devrait donc diversifier ses contreparties pour les swaps. Il diversifiera ainsi son risque « crédit ». « Il convient également d’appliquer des contrôles stricts à tous les niveaux, de la validation de la liste des contreparties autorisées aux contrôles opérationnels quotidiens par les équipes en charge de la gestion des investissements, des garanties et des risques », conclut Gregory Guerrand.

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