
Par Degroof Petercam
Le 18 octobre dernier, lors de l’assemblée annuelle du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale à Washington, l’Union Européenne a annoncé le lancement d’une nouvelle plateforme internationale pour la finance durable (IPFS : International Platform on Sustainable Finance).
Internationale ?
C’est une constatation récurrente: l’Union européenne a pris à bras le corps le sujet de la finance durable. On notera en particulier les investissements verts et plusieurs initiatives importantes à ce sujet notamment le Plan d’Action pour la finance responsable. Cette pro-activité de l’UE est régulièrement soulignée face à l’absence d’engagements d’autres nations, notamment les Etats-Unis. En donnant la priorité au défi climatique, l’UE ne risque-t-elle pas de sacrifier sa croissance économique (à court-terme) face à des nations moins scrupuleuses sur la question de responsabilité environnementale ?
Cette fois-ci encore l’UE prend les devants et elle n’est pas seule. L’Argentine, le Canada, le Chili, la Chine, l’Inde, le Kenya et le Maroc ont également rejoint l’initiative. Mais il faut reconnaître que certaines nations brillent par leur absence. Restons cependant optimistes : l’initiative est récente, c’est une question de temps avant que les autres pays se joignent également à cette initiative. De plus, les observateurs sont nombreux et clés en matière d’investissement : notamment la Banque Européenne de Reconstruction et Développement, la Banque d’Investissement Européenne, l’OCDE ou encore les Nations Unies.
Pour la finance durable ?
On ne le répétera jamais assez : le secteur privé est clé pour faire face aux trillions nécessaires pour le financement d’une énergie bas carbone. La vidéo de lancement de l’initiative est sans équivoque : le focus est sur l’économie verte et le changement climatique. Réduire les investissements dans les activités polluantes au profit des activités vertes est la priorité.
Etant donné la globalisation et la taille du défi à relever, une plus grande coopération internationale est requise. La plateforme créée a dès lors trois objectifs :
- L’échange et le partage d’informations afin de promouvoir les meilleures pratiques en finance durable environnementale.
- Comparer les différentes initiatives et identifier les barrières et opportunités pour une finance durable environnementale à grande échelle internationale.
- Tout en respectant les contextes particuliers nationaux et régionaux, améliorer la coordination internationale dans les problématiques de finance durable environnementale qui le requièrent, voire un alignement des initiatives et approches pour les membres qui le souhaitent.
Une plateforme d’échange à défaut d’une taxonomie européenne ?
La plateforme est donc bien un forum pour faciliter les échanges et coordonner les efforts en matière de finance durable environnementale. Elle vise en particulier les initiatives des marchés des capitaux telles que taxonomies, standards et labels. Le focus est clairement sur la question climatique et les investissements verts (#investgreen).
Le projet est donc tout à fait aligné avec l’objectif principal de la taxonomie récente de l’UE sur la question climat. Face à la dernière annonce d’une application de la taxonomie au plus tôt en 2022, il est légitime de s’interroger si cette initiative n’est pas une étape intermédiaire moins contraignante vers une harmonisation des investissements verts. En effet, le pilier central du plan d’action pour la finance durable de la Commission européenne entrera en application deux ans plus tard que la date proposée initialement par la Commission européenne. Ce report d’échéance montre à quel point une taxonomie à l’échelle européenne est difficile.
L’initiative internationale de coopération a vraisemblablement un rôle de rassurer que les intérêts nationaux sont toujours invités à la table des négociations sur les questions d’harmonisation. Permettra-t-elle une adoption plus aisée voire plus rapide de la taxonomie à venir ? La question reste ouverte.
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