Les investissements socialement responsables sont en vogue. Mais quelle est la performance financière de ces placements et quel en est l’impact sur la société ?
Les investissements durables (aussi souvent qualifiés d’éthiques) ont été au cœur des débats lors du petit déjeuner financier organisé par La Libre et le blog MoneyStore ce jeudi.
Initiés par de grands groupes religieux dans les années 30, les fonds éthiques ont affiné leur approche dans le temps. Aujourd’hui, on parle de fonds durables, d’investissements socialement responsables (ISR) ou d’investissements ESG (pour environnement, social et gouvernance). «L’exclusion de certains secteurs comme l’armement et le tabac étaient des critères présents au lancement de cette thématique. Aujourd’hui, on est arrivé à une sélection des valeurs en portefeuille sur base de critères Best in Class. On prend les meilleures entreprises dans chaque secteur sur base de critères alliant l’environnement, le social et la gouvernance », explique Nicolas Crochet, Managing Partner chez Funds for Good.
Performances financières
Mais les performances de ces fonds sont-elles en ligne avec celles des placements traditionnels ? « Au départ, il est vrai que ces investissements supposaient un certain sacrifice sur la performance. Mais, aujourd’hui, les intérêts de tous les acteurs convergent vers une plus grande exigence en termes de durabilité. Et ce, que ce soit dans les entreprises, auprès des consommateurs mais aussi des régulateurs. C’est aussi une question de risk management. Les entreprises se conforment à des réglementations de plus en plus strictes pour éviter d’éventuelles amendes. Ceux qui s’adaptent ont alors un avantage compétitif sur un cycle économique complet », constate Frédéric Degembe, Investment Manager chez ING Private Banking.
Selon des données fournies pas Morningstar, plus de 60% des fonds ISR analysés par leurs soins ont mieux performé que l’ensemble des fonds analysés. En règle générale, les entreprises qui se conforment à des critères de durabilité affichent également une volatilité moindre que les entreprises qui ne s’y conforment pas. « Ne pas investir dans certaines sociétés controversées permet aussi d’éviter certains risques. C’est le cas, par exemple, des sociétés actives dans le secteur du tabac qui font face à des décisions de justice qui leur imposent des sanctions financières importantes », note Nicolas Crochet. On peut alors avancer l’argument que les sociétés les plus durables présenteront des primes par rapport aux sociétés du même secteur moins « éthiques ».
Performances durables
Mais, au-delà, du rendement financier, les entreprises durables offrent aussi un rendement environnemental ou social. « On constate qu’il y de plus en plus de données qui sont disponibles pour estimer l’impact environnemental ou social d’un placement. La plus courante est le pourcentage de diminution des émissions de CO2. Un fonds peut ainsi publier le pourcentage des émissions de CO2 qui ont été réduites grâce aux investissements réalisés. Cependant, il est difficile de mesurer la fiabilité de ces données », avertit Frédéric Degembe.
Ces mesures s’affinent avec le temps. Par exemple, l’ONU a mis en place 17 objectifs en matière de durabilité. De plus en plus d’entreprises ont décidé de les intégrer et d’établir des rapports en fonction de ces objectifs. Cette approche permet d’objectiver davantage la mesure des critères de durabilité. « En matière de critères sociaux, on peut analyser les entreprises sur la représentativité des syndicats, sur la diversité des genres dans les organes de décision, sur le nombre d’accidents du travail, par exemple. Dans ce domaine, les entreprises européennes sont en avance par rapport au reste du monde. Il n’existe cependant pas encore de standards qui sont repris par l’ensemble du secteur financier », ajoute Nicolas Crochet.
Un label
A noter enfin que le secteur financier belge vient de se doter d’un label de durabilité. Febelfin est à l’origine de cette initiative. Plus de 300 fonds d’investissement ont reçu ce label. « Il s’agit du seul label de ce type en Belgique. Les critères exigés par ce label sont assez stricts. Ils sont à la fois qualitatifs et quantitatifs. C’est une avancée dans le domaine des investissements socialement responsables », note Frédéric Degembe. L’offre en placements durables s’étoffe en Belgique. En marge de la performance financière, les critères permettant d’analyser la performance durable s’améliorent. La transparence et la qualité de cette offre devraient donc encore progresser à l’avenir.
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La catégorie La finance éthique