
Par Daniel Morris, Senior Investment Strategist chez BNP Paribas AM
C’est un phénomène assez simple en physique : Quand on pousse à l’une des extrémités d’un tube fermé avec une bulle de liquide, la bulle va se déplacer à l’autre extrémité. C’est aussi le cas avec le commerce dans un monde (commercial) marqué par des facteurs tels que la mondialisation et l’information omniprésente.
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- Fermer un marché à une source unique d’exportations est un avantage pour les substituts
- Le Canada et l’Europe devraient profiter des tarifs américains
- Lieu de remplacement pour le gain
Des spectateurs heureux ?
Les pressions américaines sur la Chine sous la forme de barrières douanières et autres restrictions dans le but de corriger le déséquilibre de leurs relations commerciales, et par conséquent le déficit commercial américain d’un milliard de dollars, pourraient avoir pesé sur les exportations chinoises. Mais la croissance américaine est restée solide et, malgré le combat des superpuissances, les importations américaines en provenance d’autres pays ont augmenté. Le commerce ira dans ce sens.
Alors que les États-Unis représentent 39 % des exportations nettes chinoises, 24 % vont à l’Asie et 21 % à l’Europe [1]. Les biens chinois dominent de nombreux secteurs de l’économie américaine. La production aux États-Unis n’étant pas toujours l’alternative évidente ou même réalisable – à la suite de décennies de fermetures d’usines et de problèmes d’échelle – les consommateurs américains doivent soit avaler les prix plus élevés résultant des droits de douane (ou les producteurs chinois doivent accepter des marges plus faibles), soit acheter les produits d’autres pays.
Opportunités pour les autres exportateurs
Dans certaines industries, des entreprises canadiennes, européennes et asiatiques spécifiques ont établi des positions et devraient bénéficier des tarifs douaniers. Ainsi, dans l’ameublement et les produits de loisir, par exemple, les Canadiens pourraient s’appuyer sur leur part de revenus américains ; tout aussi bien dans les produits de loisir ; dans les produits ménagers et les spécialités ; il devrait y avoir des opportunités pour les entreprises européennes (voir Graphe 1) ; enfin, dans le stockage de matériel technologique et les périphériques, les entreprises de Corée du Sud, du Japon et de Taïwan pourraient accroître leur part de marché.
Graphe 1 : Le Canada et l’Europe devraient bénéficier des tarifs douaniers
Données au 9 août 2019. Source : BNP Paribas Asset Management
La marge de manœuvre des sociétés de substitution non chinoises devrait permettre aux actions des sociétés cotées de ces secteurs de rattraper leur retard par rapport à leurs concurrents américains et autres. Il existe un potentiel significatif dans l’électronique de consommation, où les géants technologiques américains ont connu un parcours exceptionnel, et peut-être un potentiel de hausse plus limité dans les secteurs ménagers et spécialisés. Dans d’autres secteurs, il semble que les actions américaines aient déjà corrigé ces dernières semaines dans des secteurs tels que l’électroménager, les produits de loisir et le textile.
Attention toutefois aux perspectives de croissance
À notre avis, les perspectives de la demande globale, il faut bien le dire, sont moins encourageantes maintenant que la dernière série de tarifs douaniers américains menace d’augmenter les taxes à l’ensemble des exportations chinoises vers les États-Unis. Pendant ce temps, la Chine ne semble pas hésiter à utiliser sa monnaie dans le conflit et pourrait se lancer dans une lutte prolongée.
[1]Données au 9 août 2019. Sources : National Bureau of Statistics of China, Hong Kong Census and Statistics Department, BNP Paribas Asset Management
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