Le niveau de la croissance économique et la situation des marchés financiers étaient au cœur des débats lors du Petit Déjeuner Financier de ce jeudi organisé par La Libre et MoneyStore. A cette occasion, Thierry Masset, Chief Investment Officer chez ING Belgique et Vincent Juvyns, Stratégiste chez J.P Morgan AM ont apporté leur éclairage sur la situation économique et des marchés.
Cycle très long
Nous connaissons le cycle économique le plus long de l’histoire des Etats-Unis. La question qui se pose est de savoir si cette situation peut encore perdurer. « Ce cycle de croissance dure maintenant depuis 120 mois consécutifs. Ce qui est exceptionnel. Cependant, c’est un des cycles les moins intenses que l’on ait connus. Tous les éléments sont réunis pour que cela se prolonge encore. La Réserve Fédérale ne voudra sans doute pas casser ce cycle. Il est donc difficile d’envisager une récession pour le moment », estime Vincent Juvyns.
Marchés rationnels?
Dans ce contexte, les marchés évoluent avec plus ou moins de rationalité. Il faut, dans ce cadre, distinguer les marchés obligataires et les marchés d’actions. Dans certains cas, ils ont la même lecture des événements politiques et économiques mais, parfois, leur analyse diverge. Après la forte baisse des bourses fin 2018, les marchés boursiers ont connu un rebond violent au début de cette année. « De son côté, le marché obligataire a parfaitement reçu le message de la Réserve Fédérale et cela s’est traduit de façon rationnelle par une diminution des taux d’intérêt à long et moyen terme», constate Thierry Masset. A court terme, cette situation des taux d’intérêt est favorable aux marchés boursiers. Cependant, un ralentissement économique redouté par la FED pourrait avoir des conséquences dommageables sur les revenus des entreprises. Ce n’est sans doute pas le moment d’être trop exposé aux marchés émergents. Les tensions commerciales et le dollar fort sont des éléments négatifs pour ces marchés.
Rendements faibles
Dans le contexte actuel, si l’on veut obtenir plus de rendement, il faudra prendre plus de risque. En effet, les taux d’intérêt resteront bas encore longtemps. C’est un environnement difficile pour les investisseurs. Ils doivent tenir compte à la fois des taux d’intérêt faibles et des actions qui ont déjà bien monté. On s’attend donc à une baisse généralisée des rendements dans toutes les classes d’actifs. Dans ce cadre, il vaut mieux se faire conseiller pour l’allocation de son portefeuille. « Pour l’instant, sans paniquer, nous sommes toutefois neutres à sous-pondérés en actions. Nous conseillons de prendre ses bénéfices et de se tourner vers des actifs de rendement ou vers de la dette émergente en devises locales », conseille Vincent Juvyns.
Adapter ses investissements
On peut aussi enclencher des changements au sein des classes d’actifs. « Nous sommes d’avis de se tourner davantage vers des valeurs plus défensives comme les sociétés de grande consommation, par exemple. Nous préconisons de privilégier à la fois la qualité et la liquidité en portefeuille », ajoute Thierry Masset. La qualité peut se trouver dans des émetteurs étatiques sur le marché obligataire. Au niveau des actions, il faut rester investi mais en privilégiant les grandes capitalisations qui sont plus liquides. Une petite partie du portefeuille peut être allouée à un placement en or. C’est une couverture contre un éventuel accident sur les marchés. Mais est-ce que nous nous dirigeons ou non vers une crise de grande ampleur? Selon nos orateurs, la situation est, à bien des égards, meilleure qu’en 2008. L’endettement des particuliers aux Etats-Unis a diminué, les bilans des banques sont assainis et l’endettement des entreprises n’est pas excessif. « « Ce qui manque aujourd’hui c’est la confiance. On passera au travers d’une crise. Il ne faut pas paniquer, il convient de rester constant et de garder le cap dans son portefeuille », conclut Vincent Juvyns.
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