
Par Deutsche Bank Belgique
L’année boursière 2018 a fini en net repli. Les marchés semblent évoluer davantage au gré des risques (géopolitiques, fin de la politique accommodante des banques centrales,…) qu’au gré des fondamentaux économiques encore solides. A quoi l’investisseur doit-il s’attendre en 2019 ?
En résumé :
- Les marchés financiers ont accuseé fortement le coup fin 2018.
- Il n’y a pas d’anticipation de récession aux Etats-Unis ou au niveau mondial en 2019.
- La réaction des marchés semble excessive mais il faut rester attentif à ce que les perceptions ne deviennent pas réalité.
L’année financière 2018 s’est terminée sur une note chaotique. Aux Etats-Unis, les chutes de cours récentes ont fait passer le Dow Jones et le S&P 500 en territoire négatif(les chiffres dans cet article vont du 1/1/2018 au 20/12/2018), avec des replis respectifs de -7% et -7,5%. Les actions européennes ont encore fait pire, le Stoxx Europe 600 perdant -13,5% depuis le début 2018. Les marchés émergents n’ont pas davantage été épargnés avec, par exemple, en Asie, une chute de 23,9% de l’indice chinois CSIdepuis le 1erjanvier 2018.
La volatilité en hausse, élément central en 2018
Au début de 2018, il fallait s’attendre à des niveaux de volatilité plus élevés dans un contexte de fin de cycle, et il avait été suggéré de reconfigurer les portefeuilles pour s’y préparer. Malgré la volatilité et les inquiétudes politiques persistantes, la croissance mondiale devait prendre le dessus : selon les termes, «La croissance l’emporte sur les risques géopolitiques». Ce fut clairement le cas pendant la majeure partie de l’année et même actuellement, la dynamique économique est forte aux États-Unis et ailleurs, suffisamment pour provoquer la hausse de taux de la Réserve fédérale (Fed). Mais, en dépit de cela, l’histoire d’investissement est-elle en train de changer fondamentalement ?
Des marchés plutôt influencés par les risques que par les fondamentaux
Les marchés financiers sont toujours mûs par les attentes concernant l’avenir. Et, pour l’instant, les marchés choisissent manifestement de se concentrer sur des problèmes géopolitiquesapparemment insolubles (le plus important étant le conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine), mais aussi sur les risques politiques en Europe et ailleurs. Toute évaluation de ce genre de problèmes peut souvent être affectée par des informations temporaires ou par des espoirs non fondés quant à l’orientation future, ce qui signifie que les points de vue peuvent changer rapidement, avec pour conséquence de déstabiliser les marchés.
Les marchés sont-ils en train de succomber à la morosité en intégrant dans les cours une future récession? On peut considérer à la fois les actions et le prix du pétrole. Pour ce qui est des actions, les récentes baisses de cours, comparées aux bénéfices actuels, ont entraîné une baisse des ratios cours / bénéfices selon une ampleur (S&P 500: moins 17% depuis le début 2018) généralement observée uniquement autour des récessions (baisse médiane de 25%). Sur le marché pétrolier, les révisions à la baisse modérées des prévisions de demande mondiale de pétrole ont été suffisantes pour faire chuter lourdement les prix, les investisseurs envisageant une situation d’excédent durable de l’offre de pétrole.
Pas d’anticipation de récession
Une récession aux Etats-Unis ou au niveau mondial n’est toujours pas anticipée en 2019. En ce qui concerne les données macroéconomiques récentes,la croissance américaine reste convaincante. Nous n’observons aucun des indicateurs classiques d’une récession imminente, comme une augmentation des licenciements. Le revenu total du travail – un bon prédicteur des dépenses de consommation – continue de croître autour de 5% par an. La croissance du PIB est nettement moins vigoureuse dans les autres marchés développés, mais les indices des directeurs d’achats (indices PMI) de la plupart des économies restent au-dessus du seuil des 50 points. Des marchés de l’emploi tendus et des taux de chômage bassoutiennent également la croissance de la consommation privée, même dans les pays où la croissance du PIB est faible.
Une situation à suivre de très près pour les investisseurs…
Ceci étant, la volatilité de marché, si elle se maintient à des niveaux élevés, peut limiter la croissanceen décourageant les décisions d’investissement ou de consommation, mais elle ne semble pas susceptible de faire basculer la croissance dans le rouge. Dans un tel environnement, il est cependant essentiel de suivre cette évolution. En particulier, la révision à la baisse de la croissance des bénéfices pour 2019 de l’indice MSCI AC World s’est accélérée à -0,9 point de pourcentage en novembre, par rapport à -0,1 point de pourcentage en octobre. La croissance bénéficiaire devraitrester solide, mais elle devrait être inférieure aux niveaux récents.
Rester vigilants en attendant d’être rassurés ?
En résumé, les mouvements de marché à la fin de 2018 ont peut-être représenté un réajustement à une nouvelle réalité perçue, mais de telles perceptions peuvent s’avérer excessivement pessimistes. Nous devons être vigilants que ces perceptions ne se métamorphosent pas en réalité. Pour commencer à stabiliser les marchés en 2019, nous avons probablement besoin de preuves que les bénéfices évoluent globalement conformément aux attenteset des indications supplémentaires des décideurs politiques selon lesquelles les banques centralesseront disposées, si nécessaire, à ajuster leur politique en fonction de la croissance économique. Il s’agit là de conditions importantes à remplir, mais nous devrions être rassurés sur ces deux plans.
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