
Par BNP Paribas AM
Tout indique que les taux négatifs des banques centrales et les taux d’intérêt extrêmement bas sur l’épargne sans risque ne sont pas appelés à disparaître. Ayant été introduits à titre de mesures de politique monétaire exceptionnelles, ils sont désormais la règle.
La situation
- Les taux d’intérêt extrêmement bas reflètent une reprise économique anémique et désinflationniste, enracinée dans une pénurie chronique de la demande globale depuis la crise financière mondiale. Mais plus encore, il s’agit du dernier épisode d’une tendance à long terme de baisse des taux d’intérêt réels qui a débuté voilà 40 ans. De puissantes forces désinflationnistes sont en jeu. Celles-ci pourraient prendre autant de temps pour s’inverser (si tant est qu’elles s’inversent) et ne sont à la botte d’aucun banquier central.
- Bienvenue dans le nouvel ordre mondial : un environnement dans lequel les taux d’intérêt sans risque, qui sous-tendent les valorisations dans l’ensemble du système financier, devraient rester à des niveaux extrêmement bas, au moins à moyen terme. Les conséquences pour les investisseurs et les épargnants seront considérables.
Conséquences pour l’investisseur
Voici quelques-unes des conséquences des taux d’intérêt extrêmement bas que les investisseurs devraient considérer :
- La loi des rendements décroissants s’inscrit désormais dans le cadre de la politique monétaire. L’ampleur des discussions au sein de la BCE sur le bien-fondé du dernier train de mesures révèle la crainte que les conséquences négatives éventuelles (par exemple, les dommages sur la santé des intermédiaires financiers) ne l’emportent sur les avantages.
- Avec peu ou pas de marge de manœuvre pour baisser davantage les taux, les banques centrales du G3 sont désormais incapables de faire face à la récession. En cas de récession économique, une politique budgétaire sous la forme de programmes de relance soutenus par les gouvernements, de réductions d’impôts ou même d’hélicoptère monétaire (helicopter money) sera lancée. La bonne nouvelle, c’est que grâce aux taux d’intérêt extrêmement bas, la dette requise pour financer de tels programmes pèse moins lourd pour les emprunteurs souverains.
- Tout actif dont l’offre est fixe sera assorti de taux d’intérêt extrêmement bas, car ses flux de trésorerie futurs sont actualisés à un taux inférieur. Par exemple, les prix sur les marchés immobiliers dans les villes où il n’est pas possible de construire vont progresser. Songez à n’importe quelle ville européenne : la seule direction que peuvent prendre les prix de l’immobilier, c’est à la hausse. Les tensions découlant de l’inégalité croissante et du fossé entre les élites métropolitaines et les provinces ne pourront qu’être exacerbées.
- Les investisseurs obligataires ont bénéficié d’un rebond extraordinaire des cours, qui a généré des gains exceptionnels. L’indice obligataire multisecteurs Bloomberg Barclays Global Aggregate a progressé de plus de 6 % cette année. Mais la hausse des prix des obligations est certainement proche de son terme, et les investisseurs qui achètent des obligations à rendement négatif en espérant qu’ils seront en mesure de les vendre à profit vont sûrement s’en mordre les doigts. Remplacer les obligations par des actions générant un flux de revenus de dividendes ne tient pas compte de la volatilité des actions.
- Dernier point, toute personne épargnant pour sa retraite devra soit épargner davantage, soit prendre sa retraite plus tard, soit subir une baisse des revenus une fois à la retraite. Le cas des épargnants japonais est notre lot à tous à présent…
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