Les États-Unis se dirigent-ils vers une récession en 2020 ?

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Par Martin Arnold, économiste chez Schroders

Alors que la guerre commerciale est au centre de l’attention des médias, l’industrie manufacturière américaine affiche des résultats macroéconomiques atones. L’économie américaine va-t-elle au-devant d’une récession ?

Décryptons les signaux du marché obligataire et du marché du travail pour évaluer le risque d’une récession en 2020. 

Courbe des taux d’intérêt inversée

Le marché obligataire a fait ses preuves comme outil prédictif d’une récession. À une seule exception près (en 1966), une courbe des taux d’intérêt inversée a toujours été annonciatrice d’une récession dans les 12 à 18 mois qui suivent. 

La courbe des taux reflète l’évolution du niveau des taux d’intérêt des obligations souveraines à diverses échéances. Il est généralement moins coûteux d’emprunter à court terme qu’à long terme. La courbe des taux d’intérêt d’une économie qui fonctionne normalement devrait donc avoir la forme d’une pente ascendante, les obligations à long terme ayant un taux d’intérêt plus élevé que les obligations à court terme.

Dans le cas d’une courbe des taux d’intérêt inversée, le taux des obligations américaines à 10 ans est inférieur à celui des obligations à 3 mois. La plus récente inversion de la courbe des taux d’intérêt a eu lieu en mai de cette année, ce qui donne à penser que l’économie américaine se dirige peut-être vers une récession.

Graphique : La courbe des taux d’intérêt américains annonce une récession 

Un modèle de récession de Schroders évalue à 40 % la probabilité d’une récession. Chaque fois que le risque de récession a franchi le seuil critique des 25 %, il s’en est suivi une récession, hormis en 1966.

Mais il y a encore d’autres signaux. La réserve fédérale de New York mesure le sentiment des investisseurs obligataires au moyen du modèle « excess bond premium ». Selon cet indicateur, le risque de récession n’est que de 10 %.

Essoufflement du marché du travail

Le marché du travail américain est robuste. Aux États-Unis, les travailleurs commencent à travailler moins d’heures, mais la croissance des salaires reste saine. Dans ces conditions, la croissance de l’activité économique devrait se poursuivre en 2020. Le marché du travail semble pourtant s’essouffler. Si cette tendance se maintient, on pourrait entrer dans une période de ralentissement économique ou de récession. Les indicateurs prédictifs incitent également à la prudence.

Graphique : L’indicateur des tendances de l’emploi se trouve-t-il à un tournant ? 

Comment les investisseurs peuvent-ils réagir ?

Certains signes annoncent un ralentissement imminent de la croissance, mais l’économie ne va pas pour autant entrer en récession. Les banques centrales des grandes économies y contribuent en maintenant des taux d’intérêt très bas. Mais les investisseurs peuvent s’interroger sur la sensibilité de leurs placements boursiers au cycle économique. Les périodes de ralentissement et de récession sont les phases du cycle conjoncturel au cours desquelles les marchés boursiers affichent les résultats les plus médiocres.

On prévoit en tout cas une récession au niveau de la croissance des bénéfices des entreprises américaines. Les marges bénéficiaires sont mises sous pression par la croissance salariale et la baisse de la demande. Si le ralentissement économique s’accélère, les entreprises réduiront leurs dépenses d’investissement et peut-être même leurs effectifs. Dans un tel scénario, les investisseurs feront preuve de prudence face aux valorisations élevées des marchés d’actions.

Si l’on tient compte des signaux combinés émanant du marché du travail et de celui des obligations, un ralentissement de la croissance semble inévitable aux États-Unis. Mais cela ne débouchera pas forcément sur une récession à condition que les mesures de stimulation soient maintenues. Les banques centrales ou les mesures incitatives prises par les gouvernements peuvent contribuer à maintenir les valorisations à un niveau relativement élevé. 

Lire aussiIs the US heading for recession in 2020?, de Martin Arnold, économiste chez Schroders.

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