L’économie chinoise va-t-elle continuer à ralentir dans les mois à venir ?

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Par Arthur Jenck, Investment Officer et Erik Joly, CIO chez ABN AMRO Belgique

La croissance du PIB réel chinois au troisième trimestre a été légèrement inférieure aux attentes. En effet, elle a été de 6,0 % en glissement annuel, contre 6,1 % attendu par le consensus. Il s’agit du niveau le plus faible au cours des trois dernières décennies, qui se situe dans la fourchette basse de l’objectif de croissance pour 2019 (6,0 % – 6,5 %).

La croissance trimestrielle est également en légère baisse, à 1,5 % d’un trimestre à l’autre. Ce ralentissement a été provoqué par la faiblesse du secteur industriel qui a ralenti pour s’établir à 5,2 % en glissement annuel. Ceci a été partiellement compensé par une légère croissance des services.  Une telle faiblesse s’inscrit dans un contexte mondial d’escalade du conflit commercial sino-américain, qui a pesé tant sur la confiance des entrepreneurs (notamment dans le secteur manufacturier), que sur les investissements ou le commerce international.

Chiffres par secteur

Malgré ce ralentissement, les indicateurs économiques de septembre se sont nettement améliorés par rapport aux deux mois précédents. La croissance de la production industrielle a notamment rebondi à 5,8 % en glissement annuel, contre 4,5 % en juillet/août. Au cours des derniers mois, les ventes au détail ont été assez volatiles en raison de nouvelles réglementations dans le secteur automobile. Les ajustements de stocks, liés à l’introduction de nouvelles normes d’émission, ont entraîné un pic des ventes en juin. Les mois suivants en ont subi le contrecoup.

Les investissements se sont légèrement repliés et n’ont pas réussi à bénéficier de la dynamique de cette année. Cela est principalement dû à la faible croissance des investissements privés, puisqu’au contraire l’Etat a fortement contribué aux investissements via des mesures de relance budgétaire. Plus tôt en octobre, les PMI manufacturiers s’étaient améliorés, contrairement aux PMI des services. L’amélioration de ces indicateurs macro-économiques a entraîné une révision à la hausse de la croissance mensuelle du PIB chinois : le consensus Bloomberg est actuellement à + 6,6 % en glissement annuel .

Commerce extérieur

Malgré un regain de vigueur en septembre, les statistiques du commerce extérieur chinois se sont encore détériorées. Les exportations en dollars se sont contractées de 3,2 % en glissement annuel. Les importations en dollars se sont contractées de 8,5 % sur un an. Le marché misait sur une baisse de 6,0 %. La guerre commerciale en est, bien entendu, le principal détracteur. Cependant, nous constatons également une baisse généralisée de la demande intérieure et extérieure. Les importations chinoises en provenance des États-Unis ont été en moyenne de 25% inférieures à celles de la même période en 2018.

Les exportations chinoises aux États-Unis ont également diminué mais de façon moins significative. La croissance des importations chinoises en provenance d’Asie et d’Europe a également ralenti mais pas de manière aussi prononcée. Cette baisse du commerce entre la Chine et les Etats-Unis a entraîné une dissension entre les deux plus grandes économies mondiales. Malgré un premier accord trouvé entre Donald Trump et Xi Jinping, les tensions stratégiques entre les Etats-Unis et la Chine persisteraient probablement, en particulier sur la question de la propriété intellectuelle et de la domination technologique.

Relance budgétaire

Les autorités chinoises ont été prudentes jusqu’à présent dans leurs relances budgétaires. Elles souhaitent en effet maintenir la dette chinoise à des niveaux raisonnables. De plus, la résistance actuelle des marchés immobiliers leur permet de temporiser. Ceci dit, les conséquences du conflit commercial encouragent Pékin à modifier sa position en matière de politique économique : le gouvernement est passé d’une politique de hausse des taux et de resserrement budgétaire, à un assouplissement fiscal et monétaire. Les effets de cette politique de relance semblent jusqu’à présent limités par rapport aux précédentes. En atteste la faible croissance des crédits.

Au cours des derniers mois, la People’s Bank of China (PBoC) n’a réduit son taux de référence que très modestement, de 5 points de base en septembre. De manière plus marquée, elle a réduit les taux de réserves obligatoires des banques de 150 points de base, prévoyant des baisses supplémentaires pour les banques commerciales qui prêtent beaucoup aux entreprises privées/PME. Compte tenu du ralentissement de la croissance, nous prévoyons une intensification des relances monétaires et fiscales du gouvernement chinois.

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