Selon les données fournies par Quantalys, les actions russes ont particulièrement bien performé depuis le début de l’année avec une hausse de plus de 36% depuis le mois de janvier.
Comment explique-t-on ces performances ? Le marché russe a toujours été très volatil. Ses performances évoluent en fonction de plusieurs critères. Les variations du cours de change de la monnaie locale, les évolutions du prix du baril de pétrole et les événements géopolitiques sont les principaux facteurs qui influencent les actions russes.
Rouble et pétrole
Le marché russe a surtout bénéficié d’un rebond par rapport à son plus bas de l’année 2018. « Après les sanctions américaines sur les entreprises et sur les citoyens russes, l’ingérence dans les élections américaines, l’empoisonnement au Royaume-Uni d’un ancien agent de renseignement russe, les investisseurs ont fui les marchés russes. Ils avaient perdu confiance dans cette économie », souligne Marc Danneels, CIO chez Beobank. Il en a résulté une baisse à la fois du marché et de la devise. Le marché boursier a chuté de 15%. Le rouble a baissé quant à lui de 20%. Ces baisses combinées ont pénalisé le marché russe.
Aujourd’hui, on assiste à un rebond. Les investisseurs se concentrent sur les fondamentaux économiques. « Maintenant, nous avons atteint un certain niveau de détente après le rapport Mueller. Il est apparu qu’aucune collusion russe n’était intervenue dans les élections américaines. Aujourd’hui, l’objectif principal des sanctions américaines semble se focaliser sur la Chine », note Marc Danneels. On a assisté à deux phénomènes favorables au marché russe en 2019. La devise russe s’est ainsi appréciée de 0,013 euros à 0,014 euros en un an. Pour l’investisseur en euros, l’appréciation récente du rouble est une bonne nouvelle.
Par ailleurs, le prix du pétrole brut s’est apprécié sur l’année (de 46,3 dollars à 56,3 dollars WTI). Or, le pétrole brut est un important moteur de l’économie russe. Ce secteur représente une part importante des sociétés énergétiques sur le marché boursier russe. Ces deux facteurs ont donc porté les marchés boursiers en 2019.
Politique intérieure et internationale
Les autorités russes visent à réduire la dépendance de leur économie aux matières énergétiques. « Comme la Russie est largement dépendante des exportations (matières premières), le gouvernement applique régulièrement une politique de dévaluation. Cette politique a pour but de stimuler les exportations. Ces politiques sont menées dans un contexte d’affaiblissement des perspectives économiques. Cela a un impact sur les investisseurs en devises étrangères », constate Marc Danneels.
A noter encore que l’inflation russe atteint 5%. Elle est combinée avec une croissance faible de 1,2%. Cette politique est menée dans un contexte de tensions géopolitiques. Aujourd’hui, les sanctions économiques contre la Russie semblent plutôt symboliques. Cependant, ce pays fortement exportateur risque de souffrir dans un environnement de croissance mondiale faible. Aujourd’hui, les relations géopolitiques changent drastiquement. Le destin de la Russie sera lié aux actions des autres acteurs sur la scène internationale. Le cours du rouble est fortement dépendant de l’évolution de la géopolitique.
Le marché russe est et restera volatil. « Après une forte performance sur l’année, l’investissement en actions russes nécessitera plus de sélectivité pour le reste de l’année 2019 et 2020. Il faudra être attentifs à la valorisation des sous-jacents », préconise Marc Danneels. La prudence reste donc de mise sur ce marché qu’il vaut mieux aborder par l’intermédiaire d’un fonds.
Hit-parade des fonds (juin 2019) : Etonnante remontée de la Russie !
Pourquoi la gestion axée sur la valeur a-t-elle encore du sens ?