Par Frédéric de Laminne, Rédacteur
« Dieu ne joue pas aux dés avec la Bourse », tel est le titre d’un livre passionnant qui se lit comme un roman et que tout investisseur devrait parcourir, qu’il soit débutant ou averti.
Grands principes
L’auteur, Jan Longeval, a une longue expérience professionnelle en gestion de fonds. Il fait aussi preuve de connaissances encyclopédiques sur l’économie et les sciences. Avec force anecdotes historiques ou personnelles, il explique dans un langage compréhensible par tous l’ensemble des grands principes qui animent les marchés financiers. Il décrit notamment les lois de la finance expliquées à partir des principes de la physique. Il aborde également la « neurofinance ». En effet, l’analyse comportementale et la connaissance des biais psychologiques sont aussi déterminantes que les raisonnements purement rationnels dans la compréhension de l’évolution des marchés.
Marchés efficients
A partir d’exemples concrets, l’auteur démontre de manière très convaincante comment une grande majorité d’investisseurs pourrait aisément améliorer sensiblement le rendement de leur épargne. Les marchés sont, dans une très large mesure, efficients. Il est donc très difficile de faire mieux que les indices boursiers. Nombre de gestionnaires déploient de grands efforts pour tenter de « battre le marché ». Mais les vérités d’hier ne seront bien souvent plus valables demain. De plus, les divers ajustements de portefeuille génèreront souvent davantage de frais que de valeur ajoutée pour l’investisseur !
Aversion au risque
L’aversion au risque pénalise les performances de nombreux portefeuilles. C’est particulièrement vrai en Belgique. En effet, beaucoup d’investisseurs ont perdu des sommes parfois conséquentes dans les débâcles de Fortis et de Dexia, pourtant considérées comme des valeurs de bon père de famille. Depuis lors, les encours en comptes d’épargne ne cessent de croître et atteignaient 279 milliards d’euros en juillet 2019. Cette épargne se fait en dépit de la médiocrité des rendements (généralement de l’ordre de 0,11%), lesquels sont plus que totalement grignotés par une inflation de près de 2%.
Fonds mixtes
D’où le succès des fonds mixtes qui intègrent à la fois des actions et des obligations de manière à réduire les fluctuations de cours. Or, l’auteur calcule que le rendement réel après inflation que l’on peut attendre d’un fonds mixte avec un profil neutre (50% actions et 50% obligations) n’est que de 0,9% par an en Belgique ! Et ce rendement attendu tombe à 0,1% pour un profil de risque défensif (30% actions et 70% obligations).
VS trackers
En appliquant la même méthodologie de calcul que l’auteur, on pourrait estimer à 2,3% le rendement attendu d’un fonds mixte géré en Belgique et composé à 90% d’actions et 10% d’obligations. A noter que cette rentabilité devrait être largement dépassée par les performances attendues d’un tracker qui investirait uniquement en actions au niveau mondial. En moyenne et compte tenu des frais, celui-ci devrait dépasser l’inflation de 3,95% par an !
Mieux vivre
Ces calculs ne sont bien sûr que des estimations susceptibles de fortes variations. Sans compter une éventuelle évolution de la fiscalité pénalisante pour les épargnants belges ! Mais ces incertitudes ne devraient pas empêcher le lecteur d’entamer une réflexion qui le pousserait à modifier sensiblement ses habitudes, pour améliorer les performances de son portefeuille. A noter que le sous-titre du livre est « Mieux investir pour mieux vivre ». Un livre écrit par un professionnel de la gestion qui peut se concevoir comme un guide pour mieux investir.
« Dieu ne joue pas aux dés avec la bourse », Jan Longeval, Kounselor SPRL, 317p. 28,50 euros
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