
La finance comportementale, appelée Behavioral Finance en anglais, utilise les principes de la psychologie pour expliquer un grand nombre de comportements des acteurs économiques en finance et sur les marchés. C’est ainsi que certains phénomènes observés en psychologie sont rapportés à l’économie.
On parle dans ce cas de biais cognitifs qui influencent les opérateurs sans qu’ils s’en rendent compte. « Pendant longtemps, on a pensé que les marchés étaient efficients et que les erreurs s’annulaient. Mais, dans les années 90, avec la floraison de données qui ont été mises à la disposition des chercheurs, on a constaté que les marchés n’étaient pas si efficients qu’il y paraissait », explique Pierre-Emmanuel Juillard, de chez AXA IM.
On a constaté ainsi que les acheteurs sur les marchés faisaient souvent les mêmes erreurs. Ces erreurs ont donc acquis un caractère prédictible et sont donc devenues « exploitables».
Certains biais cognitifs peuvent ainsi être relevés. L’effet « Lotto », par exemple, qui consiste à accepter de perdre un peu pour espérer gagner plus à long terme. C’est ce genre de comportement que l’on retrouve chez les investisseurs en biotechs, par exemple.
On assiste aussi à des sur-réactions lors des baisses ou des hausses de marché. D’autres vont sous-réagir en n’adaptant pas leurs croyances assez rapidement. On constate ainsi que l’on a tendance à sur-réagir aux faits saillants qui font le « buzz » et à ne pas réagir sur les informations considérées de second ordre. C’est sans doute pour cela que beaucoup de gestionnaires ne se préoccupent pas de l’influence des taux de change sur l’activité de l’entreprise ou de la qualité de ses relations avec les fournisseurs.
« Il y a aussi des biais d’attention comme le fait que les analystes se focalisent sur l’évolution des résultats alors qu’ils devraient plutôt regarder l’évolution des cash-flows. Ce qui est non intuitif c’est de croire que ces biais vont se corriger d’eux-mêmes. Des personnes parfaitement conscientes de subir ces biais cognitifs continuent néanmoins à être sous leur influence. Il y a donc une persistance dans ces biais cognitifs. », fait remarquer Pierre-Emmanuel Juillard.
Mais le fait que l’on ne mette pas à jour assez rapidement ses croyances peut constituer un atout pour certains gestionnaires. Il y a donc moyen de tirer parti de ces biais. Il existe des signaux qui mesurent ces biais qui peuvent être intégrés dans des modèles mathématiques. Une fois que ces biais sont détectés, paramétrés et automatisés dans des modèles quantitatifs, il y a des avertissements qui peuvent être émis. L’intelligence artificielle qui sera mise au service de ces modèles permettra de les affiner et de donner des signaux encore plus pertinents. Si les biais cognitifs ne sont pas près de disparaître, ils seront une source de plus en plus précise d’opportunités pour les investisseurs qui sauront en tirer parti.
Cet article vous a intéressé ? Consultez aussi :
Finance comportementale : voir c’est croire, mais la perception devient réalité
Neurofinance: comment notre cerveau prend-il des décisions financières ?