
A la recherche de performance et de davantage de rendement pour leurs placements, certains investisseurs sont tentés par des investissements en cryptomonnaies (Bitcoin, Ether, Ripple,…) ou par des Initial Coin Offering (ICO). Les ICO sont des levées de fonds effectuées en monnaies digitales et pour lesquelles les nouveaux actionnaires ne reçoivent pas des parts de la société comme dans une levée de fonds classique mais des « tokens », c’est à dire des jetons numériques qui leur donnent des droits comme la capacité d’acheter les services de l’entreprise ou de bénéficier de droits plus classiques comme des dividendes ou un droit de vote à l’assemblée générale des actionnaires.
En marge de l’évolution extrêmement volatile des cryptomonnaies, les fausses plateformes de trading de ces « monnaies » fleurissent et attrapent dans leurs filets des investisseurs naïfs en quête de gains rapides.
La FSMA et l’AMF, autorités de contrôle des marchés en Belgique et en France, mettent régulièrement en garde les épargnants contre ces arnaques. Malgré ces mises en garde répétées, les malversations continuent de sévir sur la toile. « Le phénomène des arnaques financières n’est pas neuf mais, ici, nous sommes face à une criminalité financière décentralisée. C’est un véritable Far-West où les gens sont attirés par une probabilité de gagner rapidement beaucoup d’argent sur base d’une technologie neuve et rapide. La législation n’a pas pu suivre complètement ces développements. En ce qui concerne les ICO, une partie d’entre elles sont réglementées et, dans tous les cas, l’investisseur devrait être capable de pouvoir analyser les actifs sous-jacents », explique Xavier Van der Mersch, Avocat-associé au Cabinet DALDEWOLF. Il est vrai que la législation n’est pas toujours claire concernant les ICO. De plus, avec les offres d’investissements à distance dans lesquelles plusieurs pays sont impliqués, il est difficile de déterminer quelle législation nationale est d’application.
Pour mieux cerner le type d’arnaques fréquemment rencontrées, prenons l’exemple de Monsieur Dupont qui veut investir dans des ICO. Il consulte, via un moteur de recherche, les plateformes qui offrent ce genre d’investissement. Il en trouve une et consulte les listes de la FSMA (ou autres autorités de marchés) qui reprennent le détail des plateformes frauduleuses et ne trouve pas le nom de celle qu’il a choisie. « C’est là que surgit le premier problème : les autorités de marchés des pays publient des listes de plateformes frauduleuses et non pas une liste des plateformes agréées. Or, les plateformes changent de nom dès qu’elles sont reprises sur une liste noire. Vous pouvez donc facilement être en contact avec des escrocs sans vous en rendre compte », prévient Xavier Van der Mersch. Les contacts avec le correspondant de cette plateforme se font essentiellement par téléphone, par SMS ou par mails. Souvent l’intervenant est à l’étranger et a un numéro de téléphone dans un pays (comme la France, par exemple). Il demande de verser les sommes sur un compte dans un autre pays (par exemple l’Espagne) et sa société a un siège social dans un troisième Etat (à Londres, par exemple).
Après le versement d’une première somme, Monsieur Dupont recevra le montant de ces gains mais, très vite, il lui est demandé de verser régulièrement de nouvelles sommes pour pouvoir profiter de certaines opérations qui ne sont habituellement pas accessibles pour le grand public. « Pour mieux berner les investisseurs potentiels, dans certains cas, ces promoteurs frauduleux font état d’ICO existantes, comme par exemple celle de la messagerie Telegram mais, in fine, l’argent n’est pas investi dans cette ICO », note Xavier Van der Mersch. Quand, devenant soupçonneux, Monsieur Dupont va vouloir sortir de son placement, il sera invité à verser une nouvelle somme qui servira à couvrir les frais de sortie tels que la TVA, par exemple. Et, bien sûr, au moment de toucher les fonds, son correspondant ne sera plus accessible et les sommes se seront envolées vers d’autres cieux. Il pense qu’il ne récupérera jamais son argent. C’est à ce moment qu’un nouvel intervenant, se présentant comme défenseur en ligne des investisseurs lésés par les arnaques aux ICO, va lui proposer de verser un certain montant pour l’aider à récupérer les sommes dues. Mais il s’agit souvent là aussi d’une nouvelle malversation en ligne. «Il vaut donc toujours mieux passer par des institutions qui ont pignon sur rue et qui sont approuvées par les autorités de marché. Il faut aussi bien comprendre dans quoi l’on investit et s’informer sur ce marché avant d’y entrer », conseille Laurent Haverbeke, avocat-associé au même cabinet. Mieux vaut également privilégier les conversations physiques, par Skype ou FaceTime avec caméra et, si possible, faire une capture d’écran pour obtenir au moins une photo de son correspondant.
Pour éviter les mauvaises surprises, un détour par le site de la FSMA vaut certainement le détour. Par ailleurs la FSMA et le SPF Economie invitent les personnes qui ont connu de tels déboires à se faire connaître et à tous les investisseurs potentiels en ICO à consulter le site « Trop beau pour être vrai ».
Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez aussi sur MoneyStore :
A quoi faut-il être attentif avant d’investir dans une ICO ?
Qu’est-ce que les cryptomonnaies ?