Le Cercle Femmes & Finance a reçu le 5 février dernier, Catherine Gernay, Administratrice de sociétés et Kristel Cools, Group Head of Asset Management chez Kredietrust Luxembourg (Groupe KBL) pour débattre de la place des femmes dans les conseils d’administration.
Dans un premier temps, il est bon de rappeler le rôle du Conseil d’Administration dans une entreprise. « Il s’agit de l’organe décisionnel le plus élevé dans la structure d’une entreprise. Le Conseil d’Administration ne devrait, idéalement, pas intervenir dans la gestion quotidienne de l’entreprise. En revanche, il doit la contrôler et ce, surtout dans son intégrité », rappelle Catherine Gernay.
C’est aussi cet organe qui contrôle les comptes, souvent assisté d’un comité d’audit. Il établit aussi les budgets et discute des grandes décisions telles que celles relatives aux investissements stratégiques. C’est aussi le conseil d’administration qui est responsable en dernier ressort de la gestion de la société. C’est encore lui qui recrute, nomme le directeur général et décide de sa rémunération.
Qu’en est-il de la représentativité des femmes dans ces conseils ? « Cela dépend souvent des pays et des secteurs. On constate cependant que le pourcentage des femmes dans les conseils n’est pas très élevé dans les pays où il n’y a pas de quotas. Dans certains secteurs, comme l’audit ou les ressources humaines, il y a davantage de femmes. En revanche, dans le secteur financier, il y a encore du chemin à faire », constate Kristel Cools.
Mais il n’y a pas que les conseils d’administration : c’est à tous les échelons qu’il faut favoriser la diversité ! Les femmes doivent pouvoir trouver des possibilités d’effectuer le parcours du middle management jusqu’aux postes de décision en passant par le senior management. « En réalité, on constate que, plus on monte dans l’entreprise, moins il y a de diversité des genres », ajoute Kristel Cools.
Cela ne sert cependant à rien de « bombarder » des femmes dans les organes de décision pour atteindre des quotas. C’est contre-productif. En revanche, on entend souvent dire : « on ne trouve pas de femmes ». « Il faut reconnaître que ceux qui disent cela ne cherchent pas non plus », rétorque Catherine Gernay.
Peut-on cependant affirmer que les entreprises qui ont des conseils d’administration diversifiés sont plus performantes que les sociétés avec un tel organe de décision essentiellement masculin ? « Certaines études affirment que la performance est meilleure alors que d’autres ne voient pas d’impact de la diversité sur les performances. En réalité, ce qui est surtout important, c’est la gestion au quotidien. C’est à ce niveau que se marquent surtout les avantages de toutes les formes de diversité : genres, ethnies, âges,… On voit ainsi que les sociétés qui affichent une diversité des genres dans leur comité de direction dégagent de meilleures performances », note Kristel Cools. Il faut cependant souligner les limites de ces études. Les données relatives à la composition des conseils d’administration sont publiées dans les rapports annuels, ce qui n’est pas toujours le cas pour les comités de direction. Il est aussi difficile d’établir une corrélation positive entre les performances et la présence des femmes dans les organes de décision car d’autres facteurs entrent aussi en jeu.
Dans ce parcours, les femmes elles-mêmes ont un rôle à jouer. Il faut tout d’abord qu’elles aient le courage de « monter au créneau », qu’elles apprennent à avoir confiance dans leurs capacités. « Les femmes doivent, d’une part, savoir identifier exactement leurs souhaits et leurs désirs. D’autre part, elles doivent apprendre à ne pas culpabiliser vis-à-vis de leurs enfants », estime Kristel Cools.
Comment casser les barrières ? Il s’agit là de la responsabilité de chaque employeur qui doit, d’une part, encourager la diversité et, d’autre part, favoriser la flexibilité. C’est aussi un processus qui doit se concevoir sur le long terme. « Trop de gens pensent pouvoir nous juger. Mais il faut pouvoir être soi, savoir ce que l’on veut et respecter le choix des autres. Il faut aussi être conscient que le temps des carrières uniformes est terminé et que l’on peut prendre du recul à certains moments pour reprendre une activité plus dense par la suite », rappelle Catherine Gernay. Ne perdons surtout pas de vue que l’on peut avoir plusieurs vies dans une vie, que nos personnalités ne se limitent pas à certains de nos choix et que, là où nous sommes, nous avons toutes et tous quelque chose à apporter à la société. Finalement, c’est surtout de confiance en elles dont les femmes ont besoin !
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