
De retour de Chine et orateur lors du troisième Summit de FinTech Belgium le 22 octobre dernier, Koen De Leus, Chief Economist chez BNP Paribas Fortis, met en garde les secteurs des FinTechs européen et belge. « Si l’on veut définir le futur des FinTechs, il faut impérativement regarder vers la Chine. Le budget que ce pays consacre à l’intelligence artificielle, au machine learning et au blockchain est colossal. Un seul fonds de venture capital chinois va déjà, à lui seul, déployer 150 milliards de dollars dans des projets liés à l’intelligence artificielle. En Belgique et en Europe, on parle de chiffres beaucoup trop faibles ! », prévient cet économiste.
En marge des budgets colossaux alloués dans les nouvelles technologies, les Chinois acquièrent aussi désormais les connaissances dans ce domaine. « Il a toujours été reconnu que les meilleurs mathématiciens étaient Russes et que les meilleurs ingénieurs en software venaient d’Europe ou des Etats-Unis mais, désormais, la Chine se positionne aussi dans ces domaines. Chaque année, ce sont 30 millions d’étudiants qui sortent des universités et ce pays risque de nous rattraper assez vite. Les Chinois sont aussi très curieux et ont adopté les nouvelles technologies à tous les niveaux et dans toutes les tranches d’âge », constate Koen De Leus. La Chine devient une économie « cashless », c’est à dire une économie dans laquelle le papier monnaie disparaît au profit de « wallets», de portefeuilles digitaux qui offrent des possibilités au-delà des simples paiements. Grâce à ces wallets, il est possible de prendre des assurances, de payer ses achats sur Alibaba, son Uber chinois, ou des places de cinéma,… ou même de payer les mendiants dans la rue !
« Un autre point qui avantage ce pays est la collecte des données. Toutes les données des citoyens peuvent être utilisées par des sociétés comme Alibaba, par exemple. De ce fait, les possibilités de développer le machine learning sont immenses. La Chine devient alors un véritable laboratoire sans entraves qui lui permet de développer de nouvelles fonctionnalités. Une fois que les Chinois voudront les exporter en Europe, ils devront bien sûr se conformer aux règles en matière de protection de la vie privée comme GDPR, par exemple », souligne encore Koen de Leus.
Comment l’Europe, et plus spécifiquement la Belgique, peuvent-elles prendre leur place dans cet échiquier des FinTechs ? « Il y a urgence à déployer un plan au niveau européen avec des budgets plus importants consacrés à l’intelligence artificielle. Aujourd’hui les initiatives sont trop morcelées et disparates. Cela prendra du temps et des budgets conséquents », reconnaît notre interlocuteur. Il y a cependant de belles FinTechs au niveau européen mais les unicornes sont encore essentiellement américaines ou chinoises comme le montre le graphique ci-dessous.
Pour prendre sa place dans cet environnement, l’Europe et la Belgique doivent créer des écosystèmes qui permettent l’émergence de FinTechs. C’est tout un écosystème autour de ces « wallets » qui devra être déployé pour favoriser le futur des banques et des FinTechs européennes. Et le temps presse !
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