Quelles sont les perspectives pour l’économie mondiale ?

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Par Mauro Fiorini, Rédacteur

Pour 2018 et 2019, le FMI[i] reste optimiste et prévoit une croissance forte dans tous les pays du monde. Cet optimisme se fonde sur une reprise des investissements, une reprise des échanges internationaux et des politiques monétaires accommodantes incitant les entreprises et les ménages à augmenter leurs dépenses. Les prévisions d’avril, qui confirment celles de janvier, tablent sur une croissance globale de 3.9 %

Dans les pays les plus industrialisés, la croissance de 2018 et 2019 sera supérieure à leur potentiel de croissance à moyen terme.

  • En Europe, ce phénomène se remarquera à travers toute sa composante.
  • Aux Etats-Unis, le plein emploi est effectif et la croissance sera favorablement influencée par les mesures fiscales édictées par l’Administration Trump.
  • Pour l’Asie, les perspectives sont également favorables. Comme cette région représente environ deux tiers de la croissance mondiale, l’analyse du FMI explique son optimisme affiché quant à l’évolution de la croissance mondiale. La Chine et le Japon annoncent à la fois une hausse de leurs exportations et de la consommation des ménages.
  • L’économie du Japon continue à être solide

L’après 2019 : des nuages porteurs d’orage sont en vue

Un ralentissement global de l’économie mondiale est prévisible étant donné que les politiques fiscales menées par les Etats-Unis et la Chine seront moins accommodantes. De ce fait, les taux d’intérêt seront très certainement à la hausse étant donné que toutes les banques centrales auront alors terminé leur cycle d’argent bon marché. On peut aussi s’attendre à la résurgence de politiques protectionnistes avec l’instauration de barrières douanières qui aura un effet global négatif sur la croissance.

On peut aussi relever l’aspect démographique : dans les pays les plus industrialisés, la pyramide des âges pèsera sur les dépenses publiques et sur la productivité. Dès lors, le FMI préconise la mise en place d’une politique migratoire intelligente. Il ne faut pas non plus négliger le spectre de la survenance de risques liés aux déficits budgétaires excessifs et à de nouveaux risques financiers. Depuis 2007, le volume global de crédits a atteint 164.000 trillions de dollars ce qui représente une croissance de 40 % (16 % pour la Chine seule). Même si le secteur privé accumule la grande majorité de cet encours de crédits, le niveau d’endettement des états n’a jamais été aussi élevé depuis la seconde guerre mondiale.

Les pays émergents sont pris en tenaille entre, d’une part, une grosse partie de leur dette libellée en dollars et un encours de plus en plus élevé de dettes publiques et privées. Ces deux facteurs les rendent très vulnérables à une hausse du dollar et à une tension sur les taux d’intérêt, ce qui les oblige à consacrer une part importante de leur PIB à servir la dette plutôt que d’améliorer les infrastructures et la couverture sociale. Dans les pays ayant un niveau de déficit public adéquat et la possibilité d’utiliser la Banque Centrale pour soutenir l’économie, la perte de PIB peut être limitée à 1%. Dans le cas contraire, cette chute de PIB peut atteindre 10 %. Les deux colosses asiatiques que sont la Chine et l’Inde doivent impérativement remettre de l’ordre dans la qualité du portefeuille de crédits de leur secteur bancaire.

Cette injonction vaut également pour la zone euro dont le portefeuille de crédits douteux est toujours proche d’un trillion de dollars. On constate également que les prix de l’immobilier ont évolué en tandem entre les pays industrialisés et les pays émergents, ce qui rend ce marché vulnérable à une inversion de tendance.

Notons enfin que l’exposition aux risques liés aux changements climatiques brutaux sera bientôt incorporée dans l’analyse de risques des Banques Centrales.

Conclusions

  1. La fenêtre d’action est courte, soit deux ans, et les divers gouvernements ne doivent pas tarder à améliorer leurs déficits structurels.
  2. Sans un effort majeur pour corriger les déséquilibres en vue de favoriser une croissance durable à moyen terme, dès 2020, la croissance mondiale des pays les plus industrialisés sera en baisse. Ceci entraînera des inégalités encore plus importantes et mettra en danger les pays dont les déséquilibres n’auront pas été corrigés.
  3. Cette correction mentionnée ci-dessus entraînera une chute encore plus importante de la croissance interne de 40 pays aussi bien dans les pays émergents que dans les pays en voie de développement.
  4. Les chefs de file de la croissance asiatique, Chine et Inde, doivent poursuivre leurs efforts afin d’augmenter la part des services dans leur croissance.
  5. Alors qu’une étude du FMI montre que, mondialement, 5 trillions de dollars d’impôts ne sont pas collectés, les gouvernements doivent se doter d’outils d’analyse modernes afin d’optimaliser leurs collectes d’impôts.

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