
Par Vincent Juvyns, Stratégiste chez J.P. Morgan AM
Après une année 2018 pour le moins compliquée, il faut se préparer à ce que 2019 le soit encore davantage. En effet, la guerre commerciale devrait continuer à jouer les trouble-fêtes en 2019 puisque les négociations commerciales sino-américaines sont dans l’impasse et qu’un nouveau front pourrait s’ouvrir avec l’Europe qui devra, elle aussi, soumettre ses propositions au début 2019 pour régler son différend commercial avec les États-Unis. Au niveau local, les incertitudes politiques devraient rester importantes en Europe en raison de la défiance des autorités italiennes, des élections parlementaires européennes du mois de mai et du Brexit, qui restera un sujet de préoccupation bien au-delà de 2019.
L’environnement (géo-) politique devra garder toute notre attention en 2019car il a déjà eu un impact négatif significatif en 2018, à la fois sur les volumes des exportations mondiaux et sur la confiance des entreprises, ce qui a entrainé un ralentissement de la croissance dans les économies exportatrices comme la Chine et l’Europe. Bien que les États-Unis aient été épargnés par ce ralentissement conjoncturel, l’économie américaine s’apprête à fêter sa 10èmeannée de croissance ininterrompue, soit la plus longue phase d’expansion de son histoire, et les signes d’une fin de cycle se multiplient.
Si une récession ne semble pas encore se profiler à l’horizon, il est probable que le rythme de croissance de l’économie américaine ralentira en 2019, à mesure que s’estompent les effets de la réforme fiscale implémentée en 2018 et que les taux de la Fed remontent. Le problème est que les relais de croissance hors États-Unis seront rares puisque l’Europe, les marchés émergents et le Japon sont affectés par une baisse des volumes d’exportations mondiaux en raison de la politique commerciale américaine. On peut donc estimer que le pic de croissance de l’économie mondiale pour ce cycle est probablement déjà derrière nous.
Si l’année 2019 s’annonce difficile, il n’est pas certain, en revanche, que nous traversions un « bear market ». Les marchés actions et obligataires ont en effet déjà bien intégré dans leurs cours cet environnement politique et économique qui se dégrade puisque la plupart d’entre eux devraient clôturer 2018 dans le rouge. Les marchés d’actions conservent un potentiel de rendement plus élevé que les obligations pour 2019 grâce, notamment, à des valorisations sous les moyennes historiques et des perspectives de croissance bénéficiaire toujours positives.
Dans ce contexte, il faut maintenir une légère surpondération des actions par rapport aux obligations avec une préférence pour le marché américain au détriment du marché européen car celui-ci est moins tributaire du commerce international, il est traditionnellement moins volatil et donne une plus grande exposition au secteur technologique. Bien que la prudence soit de mise sur les émergents, en raison de la vigueur du dollar et des tensions commerciales, le marché chinois présente de belles opportunités compte tenu de sa valorisation attractive, après sa chute de plus de 20% en 2018, de son poids de plus en plus important dans les indices globaux et de la politique pro-cyclique menée par le gouvernement.
La remontée des taux amorcée en 2018 devrait se poursuivre en 2019, dans le sillage de normalisation synchronisée des politiques monétaires mondiales, ce qui pèsera sur les performances des marchés obligataires. Néanmoins, à ce stade du cycle il semble indispensable de renforcer la résilience de son portefeuille en augmentant le poids des obligations et des investissements alternatifs. Au niveau obligataire, les US Treasuries sont les seules à afficher, aujourd’hui, un rendement ajusté du risque (ratio de sharpe) supérieur aux actions. En matière d’investissements alternatifs, les hedges funds et les fonds Long/Short sont à privilégier.
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