Par Schroders
Nous considérons le marché des actions comme un fait acquis. Il est rare que les investisseurs prennent du recul et s’interrogent sur la raison d’être des marchés boursiers. Les marchés publics servent à fournir des capitaux aux entreprises pour financer leur croissance future. Voilà en tout cas comment le système fonctionnait auparavant, mais plus maintenant !
Des alternatives de financement plus simples
Le nombre d’entreprises cotées en bourse diminue aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Europe occidentale. Le nombre d’entreprises ressentant le besoin d’une introduction en bourse diminue tandis que le nombre d’entreprises qui quittent le marché boursier est en hausse, principalement à la suite de fusions et d’acquisitions. Il n’y a pourtant aucun signe indiquant que l’esprit d’entreprise serait en déclin. Un nombre important de nouvelles entreprises sont créées, mais elles optent la plupart du temps pour un autre mode de financement. Les crédits bon marché et l’accès plus aisé au capital à risque privé ont réussi à se faire une place sur le marché. Les entreprises reculent devant les frais et l’agitation liée à une cotation publique. Il existe d’autres modes de financement moins coûteux et plus simples, sans s’encombrer de toutes les règles liées à une cotation en bourse. Il en résulte que les bourses sont peuplées d’entreprises plus matures. De ce fait, les investisseurs risquent de passer à côté de la phase de forte croissance que connaissent les entreprises relativement jeunes.
Les marchés émergents sont l’exception
Ce qui précède ne s’applique pas à tous les marchés boursiers. Certains de ces marchés ont beaucoup de succès. Les marchés émergents ont enregistré des prestations nettement meilleures que celles des marchés développés, grâce à l’augmentation du nombre de cotations boursières sur les marchés émergents d’Asie et d’Europe. La Chine en tête. Les marchés boursiers ont également connu une belle croissance dans les pays asiatiques développés. Sur ces marchés, les profits semblent toujours supérieurs aux coûts.
Plus d’émissions d’actions que d’introductions en bourse
Même si les marchés boursiers ne remplissent plus à grande échelle leur fonction première, cela ne veut pas dire pour autant qu’ils n’ont pas d’autres fonctions importantes. On peut pointer ici la possibilité pour les entreprises cotées en bourse de lever des nouveaux capitaux. Depuis 2001, le nombre d’émissions d’actions par des entreprises cotées en bourse aux États-Unis est quatre fois plus élevé que le nombre d’introductions en bourse. Cette même tendance est perceptible aussi ailleurs, même en Chine qui est pourtant réputée pour son nombre élevé d’introductions en bourse.
Marché boursier contre marché de la dette
Le désintérêt pour une cotation en bourse a des conséquences. Les exigences liées à une notation boursière renforcent la norme en matière de gouvernance d’entreprise. Grâce aux investisseurs actifs, les marchés assurent aussi une allocation efficace du capital. Les entreprises en difficulté sont ainsi décotées de manière transparente. Ce processus de destruction créatrice est essentiel au bon fonctionnement et à la bonne santé de l’économie. Les marchés de la dette jouent en revanche un rôle contrasté. La tentation est grande d’allonger la durée de la dette pour masquer des pertes.
Notons encore un autre effet important de la perte d’attrait d’une cotation en bourse, à savoir l’impact négatif sur les épargnants. Les marchés publics sont, pour les épargnants, une manière peu coûteuse et simple de profiter de la croissance du secteur des entreprises. Si les entreprises de qualité ne cherchent plus à être cotées en bourse, la qualité des marchés boursiers risque de s’en ressentir, avec à la clé, une baisse du rendement sur les actions par rapport aux marchés d’actions privés. Ce sont les épargnants qui en feraient les frais.
Investir sur le marché public et sur le marché privé
Les investisseurs doivent élargir leur champ d’action et jouer aussi la carte du capital à risque privé. Une approche plus holistique des marchés publics et privés semble plus indiquée de nos jours.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans l’article intitulé : What is the point of the equity market?, de Duncan Lamont, responsable de la recherche chez Schroders.
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