
Après les multiples rebondissements politiques qu’a connus l’Italie ces derniers jours, quels sont les risques auxquels est confrontée l’Europe ? Analyse avec Bernard Keppenne, Chief Economist chez CBC Banque.
L’Italie présente-t-elle un risque pour la zone euro ?
La formation de l’actuel gouvernement éloigne le risque potentiel pour la zone euro. En effet, grâce à ce nouveau gouvernement, on évitera la tenue de nouvelles élections aux résultats incertains. Cependant, les dirigeants vont devoir prendre leurs responsabilités au niveau économique. Ils vont aussi revoir leurs prétentions à la baisse en réalisant les limites de leur programme. Cette formation du gouvernement a certainement permis d’éviter une crise majeure et d’échapper à la mise en place d’un exécutif qui aurait semblé être imposé par l’Europe. Mais ce gouvernement est fragile, d’autres crises politiques ne sont donc pas à exclure. L’Italie n’a pas encore dit son dernier mot et reviendra certainement sur le devant de la scène européenne.
Et qu’en est-il des autres pays du sud de l’Europe, Espagne, Grèce et Portugal ?
L’Espagne reste un gros point d’interrogation. Le nouveau gouvernement n’a pas été nommé sur base des résultats d’élections. Sa majorité est étriquée et il lui sera difficile d’entamer de grands changements. On restera sans doute dans la même ligne qu’avec le gouvernement précédent avec, sans doute, des élections en 2019. Le taux de croissance de l’Espagne est de 2,9% contre 1,5% pour l’Italie, la situation n’est donc pas la même. Quant au Portugal, il a encore un ratio dette sur PIB assez élevé : 122%. Mais le Portugal fait preuve de dynamisme et la ville de Lisbonne est devenue un centre de référence pour les start-up. Ce pays est sorti de la crise plus rapidement que les autres. Quant à la Grèce, ce pays laisse encore planer une grande incertitude. Même si sa situation s’est améliorée, il faut voir à quel prix. Le niveau de la dette publique reste encore très élevé et il va falloir renégocier cette dette. Ce pays a les taux de chômage et d’endettement les plus élevés d’Europe. On reparlera encore de la Grèce dans les années à venir car il faudra renégocier la dette de ce pays.
Quels sont les risques actuels pour la zone euro ?
Le principal risque est l’immobilisme. Il faut à tout prix enclencher des réformes indispensables comme la création d’un fonds monétaire européen et la nomination d’un ministre des finances au niveau européen. Il faudra aussi enclencher un processus de mutualisation des dettes. Le risque que le président français Emmanuel Macron ne soit pas suivi par les Allemands est bien présent. Or, il faut une Europe plus unie par rapport à Trump avec une politique commerciale commune. Les pays de l’Est présentent aussi un risque. D’un point de vue politique, l’Europe risque de se replier sur elle-même et de devenir de plus en plus extrémiste avec une majorité d’eurosceptiques au Parlement. A surveiller donc !
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