
Au fil du temps et de leur époque, les économistes ont décrit des phénomènes, ont avancé des explications et en ont déduit des théories. Ces théories ont parfois été revues au regard des événements survenus après l’énoncé de ces règles.
Pour mieux comprendre l’économie et la finance, ou pour se rafraîchir tout simplement la mémoire, nous vous emmenons pour quelques courts voyages au pays des grands économistes. Avec l’éclairage d’Etienne de Callataÿ, chargé de cours invité à l’Université de Namur et Président d’Orcadia Asset Management nous vous invitons à suivre John Maynard Keynes. Voici une courte synthèse de ses idées.
Quelles sont ses principales théories ?
Né en 1883, J.M. Keynes est mathématicien de formation et suivra des cours d’économie après avoir entamé une carrière dans la fonction publique. J.M. Keynes est un des économistes les plus réputés. Il a donné son nom à la théorie du keynésianisme. Ses principales théories sont reprises dans son œuvre « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». En élaborant une théorie nouvelle, il a influencé les décisions politiques et économiques de l’après-guerre sur l’Etat-providence.
Selon cet économiste, les marchés ne s’autorégulent pas : il n’y a pas de mécanisme automatique qui mène un marché vers le plein emploi des ressources. Le marché laissé à lui-même ne peut donc atteindre un optimum. Il en découle une nécessaire intervention de l’Etat. Pour cet économiste, la demande effective définit le niveau de la production et donc le niveau de l’emploi. Dans un cadre macroéconomique, si la demande est faible, la production sera ralentie et la demande d’emplois va diminuer. Dans cette situation, Keynes prône une intervention de l’Etat par des politiques de relance sous forme de dépenses et d’investissements. Il fait également remarquer que l’argent gagné n’est pas forcément consommé et que l’épargne dépend du revenu et non du taux d’intérêt. Le salaire doit être envisagé non seulement comme un coût mais aussi comme un déterminant de la demande. Les keynésiens préfèrent donc des politiques qui visent à maintenir l’emploi plutôt que des politiques qui tendent à maîtriser l’inflation. Comme le marché n’est pas capable d’atteindre un optimum économique, l’Etat doit nécessairement agir sur le marché pour lui permettre d’atteindre certains équilibres (comme le plein emploi, par exemple).
Keynes a également émis des théories sur la monnaie défendant que le taux d’intérêt est le prix de la monnaie et non du capital. La théorie de Keynes sur la monnaie énonce que la demande de monnaie est fonction de trois facteurs : le besoin de transaction (échange de biens et de services), le besoin de précaution (sécurité) et le besoin de spéculation. Il fait remarquer que le montant de la masse monétaire est fixé par les autorités. Il propose de réguler les marchés par des politiques économiques et monétaires tout en laissant une certaine liberté aux individus. Ce n’est donc pas un adepte de la planification.
Que reste-t-il de l’héritage de John Maynard Keynes aujourd’hui ?
Ce qui fait l’importance de J.M. Keynes aujourd’hui, c’est son influence à la fois sur l’enseignement de l’économie et sur les recommandations de politique économique. Keynes en 2017, c’est donc à la fois le pédagogue et le conseiller. J.M. Keynes est, sans conteste, le plus grand économiste du XXème siècle. Keynes se distingue également par sa grande clairvoyance en matière politique, qu’il s’agisse de l’humiliation de l’Allemagne après la Première Guerre Mondiale, des effets du chômage de masse ou de la nécessité d’une coordination internationale.
Pour lui, la politique monétaire doit être accommodante et la politique budgétaire souple. Après avoir été rejetée, cette vision revient aujourd’hui en grâce dans les cénacles de la politique économique. L’obnubilation pour l’équilibre budgétaire sur une base annuelle est encore présente dans certains esprits comme en Allemagne notamment. Mais, aujourd’hui, cette vue cède le pas à une approche où l’équilibre est un objectif sur une base pluriannuelle, tenant compte des évolutions de la conjoncture. En cela, la vision keynésienne revient sur le devant de scène. Alors que le secteur privé, obnubilé par ses résultats à court terme, a tendance à sous-investir, l’Etat quant à lui est appelé à compenser cette situation par une hausse des investissements publics. Cette vue est d’une grande modernité et soutient les appels des économistes d’aujourd’hui pour que l’Etat supplée cette déficience avec des investissements publics.
Keynes a aussi mis en avant l’illusion monétaire, qui fait que les agents économiques ne captent pas correctement l’incidence de l’inflation, et la rigidité nominale des salaires. La situation de la Grèce illustre combien ceci est d’actualité. Un pays qui ne peut pas dévaluer ne peut rétablir sa balance commerciale qu’au travers d’une diminution des salaires, ce qui est un processus extrêmement difficile.
La pertinence de Keynes en 2017 a aussi trait aux marchés financiers. Avec la crise financière est revenue l’idée keynésienne de l’irrationalité des investisseurs. Cette irrationalité avait été gommée durant les décennies précédant la crise par l’hypothèse de forte efficience des marchés.
Finalement, la crise financière et la crise des dettes souveraines au sein de l’Union monétaire ont sorti Keynes du placard où les monétaristes et les thèses de l’économie dite de l’offre l’avaient enfermé. En 2017, il est encore « écouté » et certaines de ses théories se caractérisent par leur modernité.
Téléchargez gratuitement le « Guide du keynésianisme et du monétarisme. Et autres théories économiques »
Cet article vous a intéressé ? Consultez aussi :
Qu’est-ce que le keynésianisme et le monétarisme ?
Testez vos idées reçues en économie
Et notre série sur les économistes célèbres :
Quelles sont les théories d’Adam Smith ?
Quelles sont les théories de David Ricardo ?
Quelles sont les théories de Thomas Malthus?
Quelles sont les théories de Milton Friedman et des monétaristes?