
Par Schroders
Le basculement de l’assouplissement quantitatif (quantitative easing ou QE) vers le resserrement quantitatif (quantitative tightening ou QT) est l’étape suivante vers une normalisation de la politique monétaire.
Si les marchés sont efficaces, ce basculement du QE vers le QT a déjà été intégré dans les cours par les marchés financiers et son effet devrait être minime. Ces derniers mois, la Fed a communiqué de manière très transparente sur ses intentions et l’annonce, le 20 septembre dernier, de l’allègement de son bilan n’aura donc été une surprise pour personne. Mais les autres grandes banques centrales ont une longueur de retard. La Banque du Japon (BoJ) et la Banque centrale européenne (BCE) sont encore en plein QE. Par conséquent, les liquidités mondiales vont encore provisoirement continuer à augmenter.
Mais la croissance des liquidités ralentit
- Le rythme de croissance des liquidité diminuera de moitié en 2018 pour retomber à zéro en 2019, étant donné que la Fed va étendre son QT dans les mois à venir, tandis que la BCE va continuer à démanteler son QE.
- De plus, on ne peut pas parler de liquidités mondiales parce que les investisseurs internationaux doivent tenir compte des coûts de conversion des devises et des coûts de couverture des changes dans l’évaluation des rendements. La configuration actuelle des taux d’intérêt peut retenir le capital au lieu de le laisser circuler librement entre les pays ou régions pratiquant le QE et ceux pratiquant le QT.
La fin de la désinflation en vue sur les marchés émergents, un facteur positif pour les investisseurs en actions
La Russie, l’Inde et le Brésil ont enregistré une forte baisse de leur taux d’inflation. Cette désinflation joue davantage sur les marchés émergents. Cela s’est traduit par un afflux considérable d’obligations des marchés émergents, les investisseurs tablant sur un assouplissement de la politique monétaire des banques centrales des marchés émergents. L’inflation a apparemment cessé de baisser.
- Les devises des marchés émergents perdent de leur allant, ce qui relance l’inflation.
- Certains signes indiquent que la croissance sur les marchés émergents a atteint son plancher et que la croissance restera stable en tout cas l’année prochaine. Ici aussi la pression désinflationniste semble disparaître.
- Les prix pétroliers repartent à la hausse cette année et les matières premières agricoles sont relativement stables. Il semble bien que la majeure partie de l’impact des baisses de prix de 2012-2016 soit derrière nous.
Implications pour les investisseurs sur les marchés émergents
L’inflation représente un élément important du taux réel et influence ainsi les conditions monétaires d’un pays et la marge de manœuvre dont dispose la banque centrale. Cela peut à son tour agir sur les marchés des actions et des obligations. Les marchés émergents affichent également des différences considérables à ce niveau. Certains pays pratiquent une politique beaucoup moins accommodante qu’ailleurs. Le Brésil et la Russie appliquent la politique monétaire la plus stricte, tandis que la Turquie applique la politique monétaire la plus accommodante.
La tendance désinflationniste a fait son temps, de même que les baisses de taux d’intérêt qui vont de pair. Si l’inflation se stabilise ou repart à la hausse, les banques centrales ne pourront plus assouplir leur politique monétaire davantage. Les pays qui connaissent un taux réel élevé ont encore un peu de marge pour appliquer des baisses de taux. Dans certains cas, l’inflation peut encore continuer à baisser sous l’effet de facteurs intérieurs spécifiques. Les actions pourront toujours profiter de la croissance plus forte et la reprise de l’inflation peut avoir des répercussions positives sur les bénéfices des entreprises.
Retrouvez le texte intégral de cette analyse dans le dernier article de la série Economic and Strategy Viewpoint, de Keith Wade, économiste en chef chez Schroders, et de Craig Botham, économiste spécialiste des marchés émergents chez Schroders.
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