Le 27 mars dernier, un bon contingent du Cercle Femmes et Finance de MoneyStore était en déplacement à Soignies pour une visite de l’usine Durobor. Hasard du calendrier, l’usine redémarrait après 10 jours d’arrêt du four. « L’usine tourne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et le four chauffe à 1.500 degrés. Aujourd’hui, nous relançons la machine et toutes les étapes de la production seront remises en route les unes après les autres », explique Frédéric Jouret, Administrateur-Délégué de Durobor.
Durobor fait partie de l’ADN des Belges qui ont tous, un jour ou l’autre, tenu un verre de cette marque entre leurs mains. Au départ, c’est une sucrerie qui est implantée sur le site. En 1928, la Compagnie internationale de Gobeleterie Inébréchable prend sa place. En 1935, la marque Dur-O-Bor est lancée du nom des timbales dont le bord est composé d’un gros bourrelet issu de la technique spéciale de coupage du verre à chaud. En 1957, Durobor produit des verres à pied en marge de ses timbales classiques puis la sérigraphie et la décoration du verre font leur apparition.

Confrontée à la forte concurrence des pays d’Asie et d’Europe de l’Est, l’histoire de Durobor connaît un trou d’air en 2012 lorsque la nécessité de changer de four se fait sentir. « C’était un gros investissement qu’il fallait coupler avec un plan social. A travers Decover, nous avons repris la société en réorganisation judiciaire avec des Hollandais qui, eux, se retireront en 2015 », raconte Frédéric Jouret. Aujourd’hui, la société est détenue à concurrence de 54% par la société Decover et de 46% par huit actionnaires belges. L’entreprise sonégienne emploie 250 personnes, dispose d’un four de nouvelle génération, de trois lignes de production desquelles sortent près de 54 millions de verres par an. Un atelier de sérigraphie permet de décorer des produits issus de l’usine ou fournis par d’autres producteurs pour des commandes ciblées. 80% de la production est exportée hors de nos frontières.
Dès l’entrée dans les ateliers de l’usine, tous les sens sont sollicités. Ce qui frappe d’emblée c’est le bruit auquel s’ajoute rapidement la chaleur du four et la vision des flammes sortant des machines. Les matières premières, composées essentiellement de sable, sont mélangées et intégrées dans des silos qui alimentent en continu le four chauffé à 1.500 degrés. La facture énergétique est salée et ce, malgré l’allumage du nouveau four qui permet de récupérer sa propre chaleur : il faut compter 200.000 euros de gaz et 100.000 euros d’électricité par mois. A cela s’ajoutent les frais de personnel qui travaille non stop et dont il faut payer les heures durant les nuits, les week-ends et jours fériés à des tarifs plus élevés. Tout l’atelier est couvert d’une poussière blanche.
Après le four, la matière en fusion, pâte de verre lisse et lumineuse, s’écoule par « gouttes» dans les moules. Après le coupage à chaud, les articles subissent encore une deuxième cuisson à 800 degrés. La température ne peut pas descendre trop rapidement et les verres sont encore chauffés par de grosses flammes pour refroidir graduellement.
Chaque verre sera ensuite vérifié visuellement et les débris sont récupérés aux sous-sols pour les mélanger aux matières premières. Toutes les machines sont surveillées sur un tableau de bord dans une salle technique.
Le moindre accroc est signalé et le technicien part vite vérifier et régler le problème. Décoration, empaquetage, stockage et transport terminent le cycle de production d’un verre qui viendra agrémenter nos tables, les buffets des restaurants, les bars des hôtels, les tables des cafés,…
La visite d’un tel site industriel dans nos régions interpelle à plus d’un titre. Il s’agit de notre patrimoine industriel mais aussi culturel. Par exemple, les verres de la marque de bière Jupiler sont produits ici. L’histoire de notre pays s’est écrite dans ces chaînes de production. Aujourd’hui, les produits qui en sortent sont concurrencés par des articles venus d’Asie qui sont disponibles à moindres prix. C’est là que le consommateur est confronté à un choix : consommer la qualité locale à un prix plus élevé ou des produits plus courants à moindres prix. On peut se lamenter sur les disparitions d’emplois mais on peut aussi agir en privilégiant les circuits courts. C’est là une question de choix de consommation !
Cet article vous a intéressé ? Consultez aussi :
Celyad : L’avenir de la santé passe par l’innovation !
Préparer aujourd’hui la planète pour demain
La bière collaborative: pour une fois unehistoire de femmes !