Le blockchain, un canal pour la distribution des fonds ?

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Les infrastructures de marché relatives à la distribution des fonds de placement (sicav) présentent un certain nombre d’inefficacités. Au niveau opérationnel, le nombre d’intermédiaires entre l’émetteur de fonds et l’investisseur final est pléthorique. « Il y a environ entre 5 et 6 intermédiaires entre l’émetteur et l’investisseur privé. Ces procédures sont longues et coûteuses. De plus, dans cette chaîne, beaucoup d’activités sont redondantes. Pour chaque fonds, il faut se reconnecter à l’émetteur et reprendre toute la procédure. C’est compliqué, coûteux et lent », constate Olivier Portenseigne Managing Director chez Fundsquare.

Cette procédure n’est pas visible pour l’investisseur privé mais elle occasionne des frais car chaque intermédiaire prend son écot au passage, des contributions qui s’inscrivent finalement dans les frais de transaction, les frais de tenue de compte ou les frais de gestion.

Cependant, le monde de la gestion est soumis à des pressions de la part des clients, du législateur européen et des évolutions technologiques. Les investisseurs sont de plus en plus attentifs aux frais et se tournent davantage vers des offres digitales à moindres coûts. Les nouvelles réglementations à venir pour 2018 telles que MiFID II ou PSD2 vont venir percuter le monde de la gestion de plein fouet avec, par exemple, la suppression de la rétrocession des frais de gestion. C’est dans cette mouvance que le blockchain se présente comme une alternative technologique dans la distribution des fonds. « Le blockchain se présente comme un grand registre qui facilite l’accès aux fonds pour tous, en supprimant les redondances et avec une plus grande transparence », ajoute Olivier Portenseigne.

Comment ça marche ? Grâce à cette technologie, l’investisseur privé pourra se connecter et souscrire aux sicav directement chez l’émetteur des fonds (J.P. Morgan, Candriam, BNP AM,…). Ces souscriptions seront inscrites dans les registres de l’émetteur. « L’investisseur pourra avoir un compte cash et un compte titres sur la plateforme blockchain pour agréger toutes ses positions. On peut aussi penser que certaines banques en ligne utiliseront cette technologie pour diminuer leurs coûts de back office et permettre à leurs clients d’avoir une meilleure expérience digitale », note Olivier Portenseigne.

Où en est-on dans ce développement ? Pour l’instant, cette technologie est encore en phase de tests et la phase de production n’est prévue que pour fin 2018. Il ne s’agit pas vraiment d’une révolution mais plutôt d’une transformation du réseau de distribution. Dans un premier temps, les deux modes de distribution vont co-exister mais, à terme, on peut penser que le remplacement des technologies existantes par une technolgie blockchain pourrait mettre en péril certains gros acteurs existants. Ceux-ci sont d’ailleurs en train d’explorer les fonctionnalités de cette technologie. « On est dans la même évolution que celle que Kodak a connue avec le glissement vers le numérique. Les acteurs existants ne doivent pas rater ce passage », prévient ce spécialiste.

Cette nouvelle technologie est présentée aux régulateurs locaux qui se penchent sur cette question. « Au niveau sécurité, le blockchain est une technologie qui présente un haut degré de sécurité, de rapidité et de transparence », affirme Olivier Portenseigne. Cette évolution doit faire l’objet d’une attention et d’un suivi par les acteurs du marché, par les distributeurs de fonds, par les émetteurs et par les investisseurs privés ou institutionnels. Affaire à suivre donc !

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