Lors du petit déjeuner financier organisé par La Libre et le blog MoneyStore, Philippe Donnay, Commissaire au Plan et Thierry Masset Chief Investment Officer chez ING Belgique on tracé les contours du paysage macroéconomique et financier pour 2018. Du côté de la croissance, on ne doit cependant pas s’attendre à des miracles en Belgique. « Je suis économiste et pas météorologue et il m’est donc difficile de faire des prévisions. Nous avons connu une croissance de 1,7% en 2017 et l’année 2018 devrait suivre sur cette tendance avec peut-être une petite amélioration à 1,8%. C’est une bonne performance mais il faut bien avouer qu’il nous manque 1% de croissance pour être vraiment à l’aise », reconnaît Philippe Donnay. Et si l’on regarde dans le rétroviseur, on constate que nous avons perdu 1% de croissance tous les 10 ans et que cela s’accompagne d’une baisse de productivité, ce qui n’est pas bon.
Taux à la hausse
La Belgique marque cependant un bon point : sa croissance est endogène, ce qui signifie qu’elle est portée par la consommation des ménages et par les investissements des entreprises. Si, du côté de la croissance, on peut être relativement rassurés, que va-t-il se passer du côté des taux d’intérêt ? Doit-on craindre une remontée brusque et un impact sur le marché obligataire ? « En Europe les taux d’intérêt sur les dépôts de la Banque Centrale Européenne sont négatifs. L’année 2018 ne devrait pas voir de grands changements de ce côté. La politique de resserrement monétaire sera très progressive. Aux Etats-Unis, les taux d’intérêt remontent par paliers. La FED reste très prudente dans son approche », note Thierry Masset. On pourra cependant voir un ralentissement de la politique monétaire accommodante de la BCE fin 2018 début 2019. Finalement, une hausse des taux d’intérêt est attendue dans le marché. Si elle est progressive, elle sera vue comme une normalisation et va permettre aux investisseurs de revenir dans la classe d’actifs obligataires avec des rendements plus élevés.
Actions cycliques
Et du côté de l’inflation, doit-on la souhaiter ou la craindre ? Il existe une bonne et une mauvaise inflation. Une inflation de 10% n’est pas saine pour l’économie. « Mais rappelons que le premier mandat de la BCE est de contrôler le niveau d’inflation. On vise un niveau de 2% et l’on n’y arrive pas. Malgré l’injection monétaire, il n’y pas d’inflation parce que les dettes des Etats sont trop importantes et parce que l’argent reste dans les portefeuilles. Et ce n’est pas la croissance qui portera l’inflation à des niveaux supérieurs », constate Philippe Donnay. Dans ce contexte, comment orienter ses placements ? Chez ING Belgique, on est favorable aux actions cycliques. Les analystes de cette maison surpondèrent les marchés émergents et le Japon en étant plutôt neutres sur l’Europe. Les actions américaines sont sous-pondérées dans les portefeuilles de cette banque. « La croissance des bénéfices des entreprises est bonne et est de l’ordre de 5 à 15% selon les régions, ce qui devrait se traduire par une hausse des dividendes. Nous sommes donc positifs sur les actions en raison de la bonne consistance des bénéfices, de la croissance économique et des attentes sur les taux d’intérêt », conseille Thierry Masset. Quels sont les risques qui pourraient altérer les bonnes performances des marchés en 2018 ? « Il ne faudrait pas négliger les résultats des politiques européennes et des élections encore à venir. L’affaiblissement d’Angela Merkel pourrait aussi être un test pour la zone euro », prévient Philippe Donnay. Si les risques géopolitiques ont toujours été présents à travers le temps, il y a aussi une dimension psychologique dans l’évolution des marchés qu’il ne faudra pas négliger. Les opportunités sont donc bien présentes sur les marchés mais elles sont assorties de certains risques à suivre de près en 2018.
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Excellente idée d’avoir invité Monsieur Donnay.
En effet, il a ajouté des dimensions que l’on n’entend pas chez les différents économistes des banques entendus dans leurs exposés récents de fin d’année.
Notamment sur la perspective historique de long terme.
C’était aussi l’occasion d’en savoir un peu plus sur l’institution qu’il dirige, et dont les activités sont beaucoup plus larges que ce que l’on pourrait croire.
Le succès de ce dernier petit déjeuner de 2017 confortera Moneystore dans sa décision de poursuivre ses petits déjeuners avec le soutien d’ING comme annoncé pour 2018, mais aussi de reprendre ses rencontres du midi et ses exposés de début de soirée, voire de développer d’autres initiatives.