Pourquoi les économistes ne sont-ils pas infaillibles ?

black-and-white-businessman-man-suit-mediumFin 2015, au moment de publier les prévisions pour 2016, les économistes, stratégistes et analystes dans le secteur financier prévoyaient que 2016 seraient l’année des actions européennes. Comme on peut le constater après 6 mois, ce n’est pas vraiment le cas. Certains économistes n’envisageaient même pas les risques politiques comme un élément crucial pour 2016 alors que d’autres plus avisés pointaient le risque du Brexit et de la crise migratoire comme éléments pouvant influencer la direction des marchés au cours de cette année.

On se rappellera aussi les incantations de ceux qui, en 2011 lors de la crise des dettes souveraines, prédisaient la chute de l’euro ou sa scission en un euro du Nord et un euro du Sud. On a pu voir qu’avant le Brexit, la majorité d’entre eux ne concevaient pas qu’un tel scénario puisse se produire et qu’ils avaient pris comme orientation la piste du « remain ». Comment peut-on se tromper à ce point ? Et peut-on dès lors encore se fier à ces prévisions ?

« La réalité n’est pas blanche ou noire. Nous évoluons dans un environnement inhabituel et il faut se faire à l’idée que les prévisions sont toujours incertaines. Les événements peuvent toujours prendre une tournure inédite. L’objectif doit être d’avoir de bonnes idées et de pouvoir gérer les risques », souligne Valentijn van Nieuwenhuizen, Chief Strategist chez NNIP. Le défi pour ces stratégistes et économistes devient donc d’avoir plus souvent raison que tort.

Pour les gestionnaires de portefeuille, il y a un défi supplémentaire à prendre en considération depuis la crise de 2008 : celui de prévoir des stratégies afin de protéger le portefeuille contre des risques induits par les changements du monde. « Nous devons réaliser que cela change. Rien n’est statique et, aujourd’hui plus qu’il y a 40 ans, il faut être capable de s’adapter. C’est aussi beaucoup plus difficile de dégager des rendements consistants dans cet environnement », constate Valentijn van Nieuwenhuizen. Le Brexit fait partie d’une tendance plus large, d’un mouvement qui va contre la globalisation. Différents éléments s’entrechoquent : la globalisation, le rôle de l’Etat souverain et la démographie. Le Brexit a surtout été un choc des générations. « Il y a davantage de tensions intergénérationnelles que sur la globalisation. Nous subissons encore le choc anxiogène dû à la crise financière de 2008 », estime Valentijn van Nieuwenhuizen. D’autres chocs inattendus peuvent survenir. Il ne faudrait pas trop vite croire que Donald Trump n’a pas de chance de devenir Président des Etats-Unis, par exemple. Aujourd’hui, la prime de risque est déjà intégrée dans les marchés. Il semblerait que les marchés aient compris à quel point l’environnement était incertain.

Pour conclure, ce stratégiste reconnaît qu’il faut rester humble lorsque l’on fait des prévisions. Se référant au livre «Superforecasting: The Art and Science of Prediction » de Philip Tetlock, Valentijn van Nieuwenhuizen fait remarquer que les prévisionnistes qui sont les plus pessimistes se trompent plus souvent que les stratégistes qui travaillent en équipes et qui acceptent de revoir leurs prévisions plutôt que de camper sur leurs positions. Gare au gourou !

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