
Par Schroders
Une enquête Schroders Global Investor Study 2016, conduite auprès de 20 000 investisseurs basés dans 28 pays, a mis en évidence des anticipations irréalistes, et en particulier au sein de la génération du Millénaire (personnes âgées de 18 à 35 ans). L’enquête met aussi en évidence une trop grande dépendance des investisseurs belges envers les retraites publiques, ainsi que des anticipations de revenus irréalistes pour les projets d’investissement destinés à accroître leur épargne- retraite. Néanmoins, la récente réforme des systèmes de retraite belges sonne bel et bien comme un avertissement.
Des attentes disproportionnées en matière de revenu
Selon l’enquête, les anticipations de revenu et de performance à long terme des investisseurs sont beaucoup trop élevées. En moyenne, le niveau de revenu souhaité à travers le monde est de 9,1 %, alors que les taux d’intérêt avoisinent des niveaux historiquement faibles dans de nombreux pays, ce qui expose à un grand risque de déception. Les anticipations de la génération du Millénaire (personnes âgées de 18 à 35 ans) sont encore moins réalistes, avec un revenu minimal moyen souhaité de 10,2 % par an, contre 8,4 % pour les investisseurs de 36 ans et plus.
En moyenne, les investisseurs belges souhaitent un revenu de 6,6 % (contre 7,9 % en Europe). Plus des trois quarts (77%) seraient satisfaits avec un revenu inférieur à 10%. Une petite proportion (7 %) souhaiterait un minimum de 15 %, ce qui est irréaliste.
En moyenne, la génération du Millénaire belge souhaite un revenu de 8,0%. Plus des trois cinquièmes (61 %) seraient satisfaits avec un revenu inférieur à 10 %. Une petite proportion (10 %) souhaiterait un minimum de 15 %, ce qui est irréaliste.
Biais en faveur des investissements à court terme
L’enquête a aussi mis en évidence le biais des investisseurs en faveur des investissements à court terme. Les investisseurs internationaux ont tendance à conserver leurs investissements un peu plus de trois ans en moyenne (3,2 ans). Si ce type d’horizon se prête bien aux marchés des liquidités et de certains types d’obligations, il se révèle souvent trop court pour lisser l’effet de volatilité accompagnant les investissements en actions. Moins d’un cinquième (18 %) des investisseurs déclarent rester investis pendant au moins cinq ans, alors que c’est la durée minimale réaliste pour un placement sur les marchés d’actions, et près d’un tiers (31 %) ont une perspective très courte, conservant leurs investissements moins d’un an. Une fois de plus, cette tendance est plus marquée chez la génération du Millénaire, qui investit en moyenne 18 mois de moins que les investisseurs d’au moins 36 ans (2,3 ans vs. 3,9 ans).
En Belgique, les investisseurs restent en moyenne investis un peu plus longtemps que dans les autres pays, avec une période d’investissement d’environ quatre ans (3,8 ans), contre 3,2 ans à travers le monde. Un quart (25 %) ont une perspective à très court terme, investissant au maximum un an. Un peu plus (27 %) investissent entre 1 et 3 ans, et près de la moitié (48 %) investissent plus de 3 ans.
Investir pour des besoins financiers immédiats
Malgré ce manque de connaissances apparent, les résultats ont indiqué que les investisseurs sont toujours en quête de revenus. Les investisseurs internationaux ont avancé trois raisons principales pour investir, reposant toutes sur les revenus actuels ou futurs : compléter leur retraite, réinvestir leurs revenus et accroître leur portefeuille, ainsi que compléter leur salaire. L’enquête montre toutefois que la génération du Millénaire préfère investir pour des besoins financiers immédiats que pour des gains sur le long terme. Comparée aux investisseurs plus âgés, la génération du Millénaire est plus susceptible d’investir pour compléter son salaire (46 % vs. 41 %), d’aider financièrement ses enfants ou d’autres proches (30 % vs. 19 %), d’acheter un bien autre qu’un logement (28 % vs. 16 %) et de financer les études de ses enfants (26 % vs. 16 %). En revanche, la génération du Millénaire est moins susceptible d’investir pour compléter sa retraite (35 % vs. 52 %), réinvestir ses revenus ou accroître son portefeuille d’investissements (41 % vs. 46 %) que les investisseurs d’au moins 36 ans. Plus que pour les autres investisseurs, pour les Belges, la principale raison d’investir est liée aux revenus actuels ou futurs, et non à l’épargne en vue d’acheter quelque chose. Ils investissent pour compléter leur pension ou annuité de retraite (55 %), pour réinvestir leurs revenus et accroître leur portefeuille (43 %) et pour compléter leur salaire/revenus (48 %).
Rôle des conseillers financiers
Les conseillers financiers restent un acteur important du processus décisionnel et la moitié (50 %) des investisseurs interrogés dans le monde fait part de son intention d’en consulter un dans le cadre de sa prochaine décision d’investissement. Cette propension est évidente chez la génération du Millénaire comme pour ses aînés. Toutefois, 44 % des investisseurs internationaux ont déclaré vouloir effectuer leurs propres recherches.
Par rapport au reste du monde, les investisseurs belges affichent une connaissance moyenne du rôle d’une société de gestion. Un peu plus d’un tiers (37 %) sait qu’une société de gestion « gère de l’argent pour le compte de clients, regroupant leurs fonds dans différentes stratégies d’investissement à long terme ». Presque autant de sondés (30 %) ont répondu que le rôle d’un conseiller financier est de « fournir des conseils d’investissement et de recommander des produits financiers adaptés dans lesquels investir».
Ensuite, près de la moitié des investisseurs belges (47 %) disent avoir le même niveau de compréhension que l’investisseur moyen et 15 % pensent avoir un niveau inférieur. Malgré tout, la Belgique l’affiche l’un des plus forts taux (22 %) d’investisseurs estimant ne pas avoir besoin d’améliorer leurs connaissances. Les méthodes d’amélioration privilégiées sont s’entretenir avec un conseiller financier (38 %), prendre le temps de faire leurs propres recherches (32 %) et participer à des événements gratuits organisés par des sociétés de gestion (30 %). Un peu moins regrettent ne pas avoir bénéficié d’un meilleur enseignement à l’école ou à l’université (21 %) ou aimeraient voir des vidéos financières en ligne (20 %). La génération du Millénaire (40 %) et les femmes (27 %) sont nettement plus susceptibles de consulter des amis et leur famille pour leur prochaine décision d’investissement que les personnes de 36 ans et plus (12 %) ou les hommes (15 %).
Espérance de vie après la retraite
Les investisseurs estiment investir principalement pour compléter leur retraite et pensent qu’ils vivront plus de vingt ans (21,2 ans en moyenne à travers le monde, 20,3 ans en Belgique) après leur retraite, mais ils sont relativement peu nombreux à comprendre l’engagement financier que cela représente. Les résultats mettent en évidence une trop grande dépendance des investisseurs envers les retraites publiques, ainsi que des anticipations de revenus irréalistes pour les projets d’investissement destinés à accroître leur épargne-retraite.
Anticipations de performances irréalistes et dépendance excessive envers les retraites publiques
La priorité des investisseurs internationaux est d’épargner pour leur retraite ; 45 % affirment qu’ils investissent principalement pour compléter leur retraite. Les résultats indiquent que les investisseurs espèrent alimenter leur épargne-retraite via trois sources principales ; le système de retraite public (contribution moyenne de 19 %), leur régime de retraite professionnel (en moyenne 18 %), ainsi que leur épargne personnelle et leurs investissements (en moyenne 21 %).
Autre facteur préoccupant mis en évidence par l’enquête, il se pourrait que les investisseurs comptent trop sur la rente que leur versera le système de retraites publiques. Selon l’enquête, les investisseurs estiment que celui-ci contribuera à hauteur de 19 % de leurs revenus de retraite. Or, si les investisseurs pensent que le système public va largement compléter leur retraite tout en ayant des anticipations de revenus irréalistes, il est probable que leur épargne-retraite ne soit pas à la hauteur de leurs attentes.
Belgique : hormis en Allemagne et en Espagne, c’est là où les revenus de retraite étaient le plus susceptible d’être basés sur les retraites publiques (31 %), avec une contribution moindre des autres formes d’épargne (19 %), des régimes de retraite professionnels (12 %) et des plans personnels de retraite (14 %).
Les investisseurs belges estiment que les principaux moteurs pour choisir un produit d’investissement reposent sur les éléments les plus tangibles et mesurables associés à un investissement, qui permettent clairement une comparaison directe : obtenir une performance supérieure à l’inflation (7,9), récupérer au final au moins le montant investi (7,8) et une croissance potentielle à long terme (7,6) ont été classés comme les plus importants en moyenne sur une échelle de 0 (« pas du tout important ») à 10 («essentiel»).
La réforme des systèmes de retraite belges sonne comme un avertissement
La réforme des systèmes de retraite belges de décembre 2015 a rappelé aux investisseurs qu’ils doivent compléter leur retraite avec d’autres revenus d’investissement. En général, plus les personnes sont jeunes, moins elles pensent que le régime de retraite public sera la seule source de revenu de retraite. Ainsi, 45 % de la population n’appartenant pas à la génération du Millénaire estiment que le système de retraite public leur fournira plus d’un quart de leur revenu de retraite ; parmi la génération du Millénaire, ils ne représentent que 16 %. Autre différence marquée, le pourcentage de personnes de la génération du Millénaire estimant qu’elles travailleront au moins à temps partiel pendant leur retraite (50 % vs. 14 %), ainsi que leur conviction que les membres de leur famille les aideront à la retraite. Ainsi, 40 % pensent que leurs proches ou leurs enfants les aideront, contre 8 % pour la génération plus âgée.
Concernant la réforme des systèmes de retraite de 2015, elle ne rassure que 10 % d’entre eux. Une majorité écrasante la considère comme un premier pas ou un signe qu’ils devront eux-mêmes en faire plus. Les investisseurs qui ont le sentiment que cela ne fera pas de réelle différence pour eux, sont comme on peut s’y attendre concentrés parmi les personnes déjà ou bientôt retraitées.
Impact de la taxe belge sur les mouvements financiers spéculatifs
Les investisseurs belges ont aussi donné leur avis sur la taxe sur les mouvements financiers spéculatifs. Les réponses confirment les impressions qui s’étaient déjà dégagées à l’égard de cette taxe, à savoir que la majorité des investisseurs (55 %) ont modifié leur comportement soit en évitant d’investir dans une seule action, soit en utilisant des instruments qui ne sont pas soumis à cette taxe.
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