A l’image de l’importance des Etats-Unis dans l’économie mondiale, les bourses américaines occupent une place prépondérante dans la finance. La capitalisation boursière des actions américaines représentait à fin novembre 2015 près de 26 000 milliards de dollars, soit plus de 38% de la valeur totale de l’ensemble des actions cotées dans le monde (soit environ 68 000 milliards de dollars).
On a souvent tendance à faire l’amalgame entre les différentes places boursières aux Etats-Unis. A l’heure actuelle, les deux seules places de cotation pour les actions sont toutes les deux situées à New-York: le NYSE se trouve à Wall Street dans le sud de Manhattan alors que le Nasdaq est basé un peu plus au nord sur Time Square, une place très appréciée des touristes pour ses illuminations, ses commerces et ses théâtres.
Le NYSE est de loin la plus ancienne plateforme boursière puisque son origine remonte à 1792. Elle est située à Wall Street. Le nom “Wall Street” a, en réalité, deux origines. D’une part, cette dénomination vient du mot “mur” en Anglais en raison de l’existence au XVIIème siècle d’un mur fait de rondins dans ce quartier. Mais au XVIIème siècle, l’île de Manhattan faisait partie d’une colonie hollandaise. A cet endroit, s’établissait la “waal straat”, ou rue des Wallons, en raison de la présence d’un important groupe de Wallons qui furent à l’origine de la création de la ville de New-York.
Non loin de là, on trouvait un platane en-dessous duquel les traders prirent l’habitude, au XVIIIème siècle, de négocier. Il s’ensuivra la signature d’un accord qui scellera cette union entre les traders (accord de buttonwood, platane en Anglais) qui donnera naissance à NYSE.
A l’origine, il n’y avait que 5 titres cotés, 3 obligations d’Etat et 2 actions de banques. Aujourd’hui, il y a 1 923 sociétés domestiques cotées, ainsi que 518 sociétés étrangères. La capitalisation boursière domestique de ce marché valait 18 500 milliards de dollars à fin novembre 2015, ce qui représente une valeur moyenne de 9,6 milliards de dollars par société. A titre de comparaison, il n’y a que 8 sociétés belges dont la capitalisation boursière dépasse ce montant.
Les diverses bourses de valeurs du pays de l’Oncle Sam se sont regroupées au fil du temps: le Pacific Exchange, basé à San Francisco, a rejoint le groupe du New-York Stock Exchange (NYSE), tout comme l’American Exchange. La bourse de Boston a été rachetée par le Nasdaq. Les bourses de Chicago, St. Louis, Cleveland, Minneapolis et New Orleans se sont regroupées pour former le Midwest Stock Exchange. Ce dernier a repris le nom de Chicago Stock Exchange il y a une vingtaine d’années et s’est spécialisée dans les ETF et les produits dérivés mais ne s’occupe plus du listing des actions.
Les conditions d’admission au NYSE sont draconniennes, ce qui, conjugué à la stricte surveillance de la toute-puissante Securities & Exchange Commission (SEC), renforce la qualité du marché et donc la confiance des investisseurs. De plus, en cas de forte baisse du cours, une action peut être radiée de la cote. Par exemple, si sa valeur tombe en-dessous de 1 dollar, elle devient ce que l’on appelle un “penny stock”: dans ce cas, elle n’est plus cotée que sur un marché “over-the-counter” (OTC) appellé “pink sheets” organisé par des teneurs de marché. Les sociétés cotées sur les pink sheets n’ont pas de contraintes minimales et ne sont pas surveillées par la SEC.
Paradoxalement, c’est précisément la difficulté d’accès au NYSE qui a permis l’apparition en 1971 du Nasdaq, dont le nom signifie “National Association of Securities Dealers Automated Quotations”. Il s’agit du premier marché boursier électronique, alors que les autres bourses fonctionnaient toujours avec des teneurs de marché et des échanges de bordereaux. Grâce à des conditions d’accès moins exigeantes, le Nasdaq a accueilli très rapidement un grand nombre d’entreprises technologiques prometteuses telles que des biotechs. En effet, une partie de celles-ci ne remplissaient pas les critères d’admission du NYSE, par exemple parce qu’elles n’étaient pas encore bénéficiaires. Aujourd’hui encore, le Nasdaq est la place de cotation d’entreprises technologiques aussi fameuses que Apple, Cisco, Intel, Microsoft ou Tesla Motors. La capitalisation boursière des 2 482 sociétés américaines cotées au Nasdaq atteignait 7 500 milliards de dollars à fin novembre 2015, soit une moyenne de 3 milliards de dollars par titre.
L’accès au gigantesque marché des investisseurs américains que procure une cotation sur le Nasdaq explique que de nombreuses sociétés étrangères demandent une cotation au Nasdaq, lequel accueille actuellement 386 sociétés étrangères dont la plupart sont déjà cotées dans leur pays d’origine. C’est ainsi que, récemment, plusieurs sociétés biotech belges cotées sur Euronext Bruxelles ont également fait la demande pour obtenir une cotation au Nasdaq, ce qui leur a permis de lever des capitaux frais pour des montants non négligeables: la société malinoise Galapagos a levé pas moins de 275 millions de dollars en mai 2015 et Celyad, une biotech basée à Mont-Saint-Guibert, a levé 100 millions de dollars en juin 2015. Un troisième candidat est la biotech de Leuven Tigenix qui cherche à lever 58 millions de dollars en Amérique et a introduit une demande de cotation au Nasdaq en décembre 2015.
Nul doute que la puissance des sociétés américaines est pour une large part imputable à la qualité et à la profondeur des marchés financiers américains. Quelques émetteurs étrangers en profitent également, ainsi qu’un nombre incalculable d’investisseurs de tous les pays.
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