Quelles solutions d’investissement dans un contexte de taux bas et d’exigences accrues ?

Photo107#1Par Degroof Petercam

Les intervenants, détenteurs et gestionnaires d’actifs évoquent les gestions plus actives, l’utilisation de dérivés pour contrer les taux au plancher. Peu d’acteurs lient l’exigence accrue de l’investissement responsable avec le contexte des taux bas. D’ailleurs, la recherche du moindre point de base et la chasse aux coûts sembleraient même réduire la place allouée à l’allocation ISR.

Deux réactions à ceci :

  • L’ISR ne devrait pas être vu comme une niche à laquelle une petite partie de l’allocation du portefeuille peut être dédiée. Au contraire, l’investissement responsable doit être intégré à la gestion comme véritable outil de gestion.
  • L’ISR n’est pas une source de coût suite à une réduction de la diversification des univers. Il contribue à l’optimisation du couple rendement/risque en permettant justement, dans un contexte de taux bas, de rechercher du rendement mais pas à n’importe quel prix.

Dans le cadre d’une gestion active, l’investissement responsable, intégré dans le processus d’investissement en amont comme en aval, permet avant tout un autre regard sur l’investissement et une interrogation plus approfondie sur les intentions du management, son business plan et donc également une meilleure appréciation de la rémunération du risque.

Face aux taux au plancher, depuis un moment maintenant, l’investissement responsable est une solution à considérer.

La recherche de rendement a poussé de nombreux investisseurs fin 2012 vers la dette souveraine émergente. Ici, une approche d’investissement responsable et durable prend tout son sens et permet de différencier les pays les plus risqués et les dettes les plus instables.

Les trois dernières années, marquées par une instabilité certaine de la dette émergente, ont permis de mettre en évidence l’apport d’un filtre de durabilité des pays. En s’interrogeant sur les dimensions de durabilité telles que la transparence et les valeurs démocratiques (1), la population, les soins de santé et la répartition des richesses (2), l’environnement (3), l’éducation/innovation (4) et l’économie, nous pouvons identifier les pays les plus avancés en terme de durabilité et estimer davantage les risques liés aux pays moins bien classés. Ainsi, le filtre montre une contribution importante dans l’alpha de la stratégie lors des marchés baissiers, en jouant un rôle de stabilisateur et résiliant aux risques extrêmes et permet au portefeuille de baisser moins que les marchés (beta inférieur à un). Dans les marchés haussiers, cette contribution est moindre, laissant davantage de contribution de valeur à l’expertise de gestion. Elle reste néanmoins positive de sorte que le portefeuille participe au rallye avec un beta égal à un.

Les taux bas perdurent également suite au contexte de faible croissance. Dans cet environnement, il y a lieu de rechercher les sociétés de haute qualité. La définition de celles-ci intègre, par nature, des sociétés durables c’est à dire capables de perdurer dans le temps et donc qui s’interrogent et intègrent les défis environnementaux, sociaux et de gouvernance auxquelles elles doivent faire face. D’une part, l’analyse d’investissement responsable permet d’éviter les risques extrêmes avec des sociétés peu préparées aux enjeux de demain.

D’autre part, les sociétés qui survivront sont celles qui innovent en tablant sur les enjeux comme opportunités pour demain. Les sociétés de haute qualité sont souvent assimilées à des actions chères. Si la valorisation en termes de cours sur bénéfice peut sembler élevée par rapport aux pairs, il ne faut pas sous-estimer le potentiel de croissance supérieur sur le moyen et long terme. Les investisseurs sont prêts à payer davantage pour la croissance. Ces entreprises sont celles qui sont innovatrices, compétitives et qui disposent d’une marge de pouvoir de prix par rapport à leurs pairs notamment par des barrières importantes à l’entrée. Sur le moyen et long terme, ce sont les profits des entreprises qui déterminent la croissance de valeur pour les actionnaires, prêts dès lors à payer une prime supérieure pour une croissance plus constante.

La sélection des valeurs individuelles est donc particulièrement importante et l’interaction entre l’expertise de gestion et l’investissement responsable est la clé pour une analyse globale de l’entreprise sur tous les enjeux auxquels elle doit faire face. Dès lors, l’ISR n’est pas une niche mais un outil intégré afin de regarder la société dans sa globalité vis-à-vis de l’ensemble des parties prenantes.

L’investissement responsable aide donc la gestion dans sa recherche de rendement avec un risque mesuré et est une réponse en soi au contexte de taux bas.

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