A quoi faut-il être attentif quand on investit dans un fonds durable ?

IMG_1323Un investissement durable ou socialement responsable (ISR) suppose que le choix des valeurs en portefeuille réponde à certains critères spécifiques en matière d’environnement, de politique sociale ou de gouvernance (ESG). Au-delà des aspects financiers classiques, il convient donc de se poser (et surtout de poser à son banquier !) quelques questions pertinentes avant d’y investir. Tour d’horizon.

  • Une des premières choses à intégrer quand on veut investir dans un fonds qualifié d’ISR, c’est que l’éthique des uns n’est pas l’éthique des autres. Investir dans un tel fonds, c’est sous-traiter sa hiérarchie de valeurs. Dès lors, il est fort probable qu’aucun fonds ne correspondra totalement à l’éthique que l’on a et qu’il sera sans doute difficile de trouver un produit qui « collera » à sa propre éthique. Il va donc falloir faire des concessions, en être conscient et l’accepter au départ.
  • Une des premières démarches consiste à regarder si le fonds pratique l’exclusion de certains secteurs. Si oui, lesquels ? Si non, pourquoi ?
  • Ensuite, il faut regarder si tous les critères ESG sont respectés dans la sélection : l’environnement (E), le social (S) et la gouvernance (G). Certains fonds ne mettent l’accent que sur un ou deux de ces aspects. Il est important que ces trois critères soient respectés ensemble.
  • Parfois, il conviendra d’aller au-delà de la simple exclusion ou de l’approche Best in Class. L’approche doit être pragmatique et œuvrer pour l’amélioration de la responsabilité sociale. Cet investissement peut ainsi inviter les entreprises à améliorer leurs comportements. A titre d’exemple, exclure le secteur pétrolier peut s’avérer être réducteur car, dans ce cas, les sociétés pétrolières ne seraient pas incitées à mieux se comporter alors que certaines se distinguent par des programmes environnementaux. C’est le cas de la compagnie Shell, par exemple, qui est un des plus gros investisseurs en énergies renouvelables et a arrêté ses projets de prospection en Antarctique.
  • Au-delà des filtres ISR, certains investisseurs exigeront des engagements plus concrets de la part de leur gestionnaire de fonds ESG. Pour être crédible, une offre ISR doit être transparente. Elle doit pouvoir fournir la liste de l’entièreté des sociétés qui sont en portefeuille et ne pas se contenter des dix lignes principales.
  • Il faut aussi que cette transparence soit effective au niveau des frais. L’investisseur sera donc attentif aux frais de gestion dans ce type de fonds. En effet, certains promoteurs pratiquent des frais de gestion légèrement plus élevés que dans les sicav traditionnelles afin de couvrir les dépenses engagées pour la recherche ISR. Il faut donc bien analyser le processus de sélection des valeurs en portefeuille. Qui fait quoi ? La sélection se fait-elle en interne ou est-elle sous-traitée et à quel prix ?
  • L’activisme actionnarial, c’est-à-dire la politique de vote qui est menée dans les assemblées générales, doit aussi faire l’objet d’une attention de la part de l’investisseur. Comment et par qui sont effectués cette représentation et ces votes ?
  • Dans les fonds thématiques, il y a lieu de se pencher sur les activités des sociétés en portefeuille : sont-elles bien alignées avec le thème d’investissement du fonds ou leur activité n’ont-elles qu’un vague lien avec cette thématique ?
  • Autre question à relever : les sociétés qui sont en portefeuille font-elles un reporting extra-financier et si oui, de quelle qualité ? Quelles sont leurs politiques en matière de ressources humaines ?
  • Comme nous sommes dans des portefeuilles qui ont une optique à long terme, il est essentiel de se pencher sur la rotation du portefeuille qui doit être très faible. Si l’on investit dans des sociétés durables sur le long terme, une rotation importante du portefeuille ne se justifie pas.
  • Une question essentielle que l’investisseur peut aussi se poser est de savoir à quoi va servir son placement ? Cet investissement va-t-il permettre d’améliorer la face du monde ? Que va effectivement générer son investissement comme valeur ajoutée sociétale ?
  • L’investisseur doit aussi se pencher sur les compétences, l’engagement et le sérieux de l’entreprise qui propose ce produit. Le gérant propose-t-il une offre cohérente et consistante ? Son comportement est-il également cohérent avec ce qu’il propose comme produit d’investissement ?

Choisir un fonds ISR suppose donc une prise de conscience qui va bien au-delà des simples critères financiers et qui nécessite une analyse plus fine du produit d’investissement.

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Une réponse sur “A quoi faut-il être attentif quand on investit dans un fonds durable ?”

  1. Merci pour cet excellent tour d’horizon qui aidera à progresser dans un univers particulièrement disparate !

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