
Par Degroof-Petercam
L’analyse de durabilité des pays a pris tout son sens lors de la crise des souverains de la zone euro et a démontré l’importance de regarder les enjeux de durabilité au niveau des Etats afin d’anticiper leur capacité à rembourser leurs dettes et non leur capacité à accroître leur endettement. Le modèle repose sur les 5 grands piliers de durabilité – à savoir la transparence et les valeurs démocratiques (1), la population, les soins de santé et la distribution des richesses (2), l’environnement (3), l’éducation/innovation (4) et l’économie (5).
Tenant compte de différents facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance, les Etats-Unis se positionnent sous la moyenne de l’OCDE.
La faible durabilité s’explique essentiellement par des critères environnementaux et sociaux.
D’une part, l’utilisation du charbon reste importante aux Etats-Unis. Source d’énergie peu coûteuse, elle est fortement émettrice de gaz à effet de serre. D’autre part, l’énergie renouvelable reste en-dessous de la moyenne observée dans le mix énergétique du pays.
Du côté social, l’inégalité des classes est connue aux Etats-Unis et le coefficient GINI qui mesure celle-ci, en partie, le démontre.. L’importance de la population carcérale pèse également dans la balance. L’obésité généralisée est une problématique à moyen et long terme pour la population qui encourt un risque de santé important et des conséquences financières liées importantes
Si de manière générale les Etats-Unis affichent un score satisfaisant en matière de démocratie et libertés, sa non-reconnaissance de la Cour Internationale de Justice ou de la Convention d’Ottawa sur les mines anti-personnelles est à regretter. Tout comme la peine de mort non abolie dans certains Etats.
… des forces trop peu nombreuses
Un domaine où clairement les Etats-Unis ont l’avantage est l’innovation. Que ce soit en dépenses en R&D ou en brevets enregistrés, les Etats-Unis restent leaders en la matière.
L’innovation est un enjeu clé pour les pays développés et les Etats-Unis l’ont bien compris. Le taux d’emploi de l’immigration est également supérieur à plusieurs Etats membres, notamment la Belgique et s’explique en partie par la volonté américaine d’une immigration qualifiée. Le taux de qualification de l’immigration américaine et canadienne est nettement supérieur à celle auquel fait face l’Europe. En effet, les deux tiers des migrants accueillis par les Etats-Unis et le Canada sont diplômés du tertiaire soit près du double de celui observé en Europe.
Peu d’amélioration à prévoir
Les déclarations de Donald Trump ne présagent pas d’un retournement de la situation, au contraire. En effet, s’il apparait assez clairement que Trump ne sortira pas officiellement de l’accord de Paris, signé par son prédécesseur, il n’en reste pas moins vrai qu’il mettra peu en œuvre pour atteindre les objectifs de réduction de gaz à effet de serre, engagés dans l’Accord. Ses déclarations durant la campagne soutiennent les énergies fossiles notamment l’augmentation de la production de charbon, la révision de l’exploitation du pipeline pétrolier Keystone XL, l’exploitation du gaz et pétrole en Alaska et dans le golfe du Mexique.
Bien que le plan « America First Energy Plan » de Trump rejette l’importance du changement climatique, plusieurs études montrent que la vulnérabilité du pays face à celui-ci n’est pas des moindres : notamment selon l’indice ND-GAIN, la vulnérabilité américaine est plus importante que la moyenne de l’OCDE.
L’engagement de baisser les taxes des entreprises de 35 à 20% est plutôt positif sur la transparence fiscale des entreprises américaines, qui n’auront plus d’intérêt à taxer leurs revenus dans les pays à fiscalité plus avantageuse. Il est difficile aujourd’hui de juger si le rapatriement des revenus aux Etats-Unis compensera la diminution des recettes fiscales. De même la croissance de l’emploi, objectif premier du programme Trump permettra-t-il également de compenser le bilan ? Car, si sur le court-terme, ce type de mesures est appréciable, il peut poser un risque sur le moyen terme pour le financement des politiques publiques. Si la mesure ne s’accompagne pas d’une réelle croissance économique, les secteurs de l’éducation et de la santé seront en première ligne des restrictions budgétaires d’une économie américaine, déjà fortement endettée. Une amélioration du score américain sur ces deux piliers de durabilité est donc difficile à présager.
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