Lorsque le gouvernement a décidé de supprimer la taxe sur les plus-values spéculatives, il a fait preuve de bon sens et cela mérite d’être salué. En effet, cette taxe avait induit certains comportements de la part des investisseurs et le volume des transactions sur les actions avait, de ce fait, enregistré une baisse de l’ordre de 40 à 50% en 2016. « Mais il va falloir recréer un climat de confiance de façon à faire revenir vers les actions les investisseurs qui s’étaient tournés vers l’immobilier, les matières premières ou les produits plus spéculatifs », estime Olivier Leleux, président du comité de direction de Leleux Associated Brokers.
Ce spécialiste des marchés financiers met cependant en garde nos responsables politiques sur l’impact que pourraient avoir d’autres mesures. Si l’Etat réinstaure une taxe sur les plus-values, on peut s’attendre aux mêmes conséquences désastreuses que celles engendrées par la précédente imposition. « Le ministre Kris Peeters a proposé une taxe sur les plus-values. Ici, il est question de taxer les plus-values sur une période de 30 ans. Si cette mesure est votée, il faudra s’attendre à des comportements identiques de la part des investisseurs, des comportements qui pourraient même être amplifiés », prévient Olivier Leleux.
L’instauration d’une telle taxe serait aussi un mauvais signal adressé aux entrepreneurs de ce pays. Dans une période où il est crucial de relancer la croissance et de promouvoir la création d’emplois, une telle mesure découragerait la constitution et le développement de PME.
Ce broker annonce également d’autres difficultés si une telle taxe était instaurée. En cas de transferts des portefeuilles titres d’un établissement financier à un autre, il faudrait également transférer tout l’historique du portefeuille et ce, sur une période de… 30 ans. « Ce serait un vrai cauchemar pour les sociétés de bourse ».
En marge de cette taxation et du précompte mobilier qui a doublé en quelques années, les sociétés de bourse, et plus généralement les institutions financières de ce pays, doivent faire face à de nombreux défis. Les sommes qu’elles déposent auprès des banquiers centraux ne rapportent plus rien et sont grevées d’un taux d’intérêt négatif. Dès janvier 2018, le secteur va aussi devoir s’adapter aux nouvelles règles MiFID II qui engendreront des charges financières très lourdes pour leur mise en place. « Rien que pour les sociétés de bourse, on parle ici de 1000 pertes d’emplois potentielles. Dans le contexte du Brexit, avec de telles mesures comment va-t-on attirer dans notre pays des sociétés étrangères ? », se demande Olivier Leleux. Entre la hausse constante et entrevue de la fiscalité et une réglementation de plus en plus sévère, le secteur financier est soumis à des défis qui mettront en danger la survie de certains de ses acteurs.
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D’un côté, le taux d’intérêt négatif de la BCE décourage la thésaurisation et encourage les capitaux à circuler d’avantage. Cela va donc promouvoir l’investissement.
D’un autre côté, la taxe sur les plus-values et la taxe Tobin, encourage ces mêmes investisseurs à reporter le coût sur le prix de la production des biens et des services.
On me dira que les investisseurs fuiront la Belgique pour se reporter alors sur le marché Chinois. (Je dis Chinois mais on pourrait dire tout autant Brésilien, Indien, …)
C’est peut-être vrai pour les moins malins d’entre-eux. Les autres rechechent surtout une main d’oeuvre qualifiée, un potentiel d’ingéneurie et des installations performantes. De plus, la délocalisation n’est une solution qu’à court terme. Le niveau de vie des Chinois grimpe et le prix des services et des biens produit là-bas avec… La marge à prendre en Chine sera vite de moins en moins intéressante.
Les investisseurs plus malin savent que la délocalisation n’est donc pas une option gagnante à long terme. Ceux-là savent qu’investir ici reste l’option la plus pérenne.
Alors résumons. L’intérêt négatif encourage l’investissement plutôt que la capitalisation et la taxe sur les plus-values ou sur les transactions sera reportée sur le consommateur… Dans tous les cas, les investisseurs sont donc gagnant.
Donc question: croire que les investisseurs vont fuire, n’est-ce pas juste un dogme plutôt qu’une évidence?