Par Guy Wagner, chief investment officer de la Banque de Luxembourg
Suite au vote britannique en faveur de la sortie de l’Union européenne, les bourses ont réagi négativement. Après deux journées de pertes, elles se sont par contre stabilisées, tablant sur le soutien des banques centrales qui semblent être prêtes à soutenir les marchés financiers si la réaction négative devait perdurer. Le principal perdant a été le secteur financier alors que les valeurs défensives comme celles de la consommation et de la santé ont bénéficié d’un repli vers la qualité.
Même si le vote britannique pour sortir de l’Union européenne n’a pas déclenché un effondrement généralisé des bourses, il traduit l’érosion progressive de la confiance d’une large partie de la population dans les institutions politiques. Si cette perte de confiance s’étendait aux banques centrales, les marchés boursiers pourraient corriger fortement. D’ici là, les actions peuvent continuer à monter vu le manque d’alternatives, même si une amélioration des fondamentaux économiques n’est pas en vue. Dans un environnement de volatilité accrue, les investisseurs privilégieront qualité et visibilité. A l’intérieur des marchés boursiers, ces attributs ne caractérisent pas les valeurs financières ou très cycliques.
La Réserve fédérale américaine et la BCE continuent leurs politiques monétaires
Lors de la réunion du Comité monétaire de la Réserve fédérale américaine au mois de juin qui a eu lieu quelques jours avant le référendum sur le ‘Brexit’, la présidente Janet Yellen a laissé inchangés les taux d’intérêt étant donné qu’un vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne pourrait avoir des conséquences économiques et financières défavorables au niveau mondial. En Europe, la Banque centrale (BCE) n’a pas réagi au résultat du vote britannique. Elle continue d’exécuter, comme prévu, son programme de rachat de titres de créances d’émetteurs privés et publics de la zone euro. La Banque d’Angleterre a annoncé l’intention de relâcher sa politique monétaire pendant l’été pour compenser les effets économiques et financiers défavorables du référendum britannique.
L’environnement d’une croissance stable et modérée de l’économie mondiale se poursuit
L’environnement d’une croissance stable et modérée de l’économie mondiale se poursuit. Aux Etats-Unis, la conjoncture reste portée par la consommation domestique alors que les investissements des entreprises demeurent faibles. En Europe, les incertitudes politiques n’ont pas conduit jusqu’à présent à un ralentissement de l’activité dont le taux de croissance demeure faible mais positif. Au Japon, le gouvernement tarde à implémenter de nouvelles mesures de relance malgré la stagnation conjoncturelle qui persiste. En Chine, les mesures publiques de soutien engendrent un atterrissage en douceur de la croissance économique au prix d’une augmentation supplémentaire de l’endettement au sein du pays.
Les obligations d’Etat maintiennent leur rôle de valeur refuge malgré la faiblesse des rendements offerts
En juin, les rendements sur les marchés obligataires ont continué de baisser. Sur l’ensemble du mois, le rendement de l’emprunt d’Etat à 10 ans a diminué en Allemagne, en Italie, en Espagne et aux Etats-Unis. En raison des incertitudes politiques grandissantes, les obligations d’Etat maintiennent leur rôle de valeur refuge malgré la faiblesse des rendements offerts. Même des rendements négatifs ne semblent pas empêcher les investisseurs à maintenir ou augmenter leurs positions. Comme la probabilité d’un resserrement monétaire aux Etats-Unis est en train de diminuer, l’aplatissement de la courbe des taux d’intérêt aux Etats-Unis devrait se poursuivre.
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