Fin 2015, les économistes et stratégistes du secteur financier ne juraient que par le potentiel attendu des actions européennes. Elles représentaient le « maître-choix » en portefeuille pour l’année 2016 à venir. En cette fin d’été, les chiffres viennent fâcheusement contredire ces conseils et prévisions. Tous les indices européens affichent des performances négatives et certains fonds actifs investis en actions du vieux continent n’ont pas de quoi pavoiser.
Comment explique-t-on les mauvaises performances des actions européennes en 2016 ? Plusieurs facteurs entrent en jeu dans cette évolution. « Le premier élément à souligner est l’évolution du secteur bancaire. Les valeurs financières représentent un poids non négligeable dans les indices boursiers. Ce secteur a beaucoup souffert en 2016 notamment avec l’évolution des banques italiennes et les problèmes que rencontrent des grands acteurs allemands tels que Deutsche Bank ou Commerzbank », explique Bernard Keppenne, Chief Economist chez CBC Banque et Assurance. Ce secteur doit faire face à de nombreux défis dont le niveau des taux d’intérêt induit par la politique monétaire de la Banque centrale européenne. La situation des taux d’intérêt n’était cependant pas une surprise pour les stratégistes mais sans doute en ont ils sous-estimé l’impact sur les valeurs financières et les marchés boursiers.
Un deuxième facteur qui pèse sur ces marchés est l’instabilité politique qui règne pour l’instant en Europe. Le Brexit a eu un impact sur l’évolution des marchés qui se sont certes redressés assez rapidement. Rappelons que le Brexit n’était pas l’option envisagée par les stratégistes fin 2015. Mais au-delà du Brexit, d’autres facteurs peuvent occasionner une certaine inquiétude. L’Espagne n’a pas encore de gouvernement, les élections à venir en France avec les primaires à droite, les élections en Allemagne et surtout la situation en Italie sont autant d’éléments qui pèsent sur le moral des marchés. « M. Renzi joue gros jeu en promettant de démissionner en cas d’échec au référendum. Si cela devait se produire, l’organisation de nouvelles élections serait quasi inévitable, ce qui pourrait conduire à un référendum sur le maintien de l’Italie dans l’Union européenne et mettre au pouvoir les eurosceptiques du mouvement 5 Etoiles. Pour les mois qui viennent, les marchés vont devoir vivre au rythme des développements politiques dans les pays industrialisés. Il faut déjà tenir compte des succès électoraux observés en Hongrie ou en Pologne mais il va y avoir le nouveau vote présidentiel en Autriche, le référendum constitutionnel en Italie, la perspective de référendums sur l’Europe en Italie et en France, et les élections aux Etats-Unis », prévient Etienne de Callataÿ, Président d’Orcadia Asset Management.
A ces éléments il convient encore d’ajouter le contexte de croissance économique atone. Les indicateurs économiques continuent à décevoir malgré les interventions de la BCE. Ni la croissance ni l’inflation ne sont au rendez-vous. « Les économistes avaient tablé sur davantage de croissance et sur un impact plus favorable de la politique monétaire sur la reprise en Europe. Il faut aussi souligner que les fusions et acquisitions ont diminué en 2016 en Europe par rapport aux années précédentes. Cela a aussi pesé sur les marchés d’actions », estime Bernard Keppenne. Tous ces éléments engagent les stratégistes et économistes à davantage de prudence sur ces marchés. Les positions en actions européennes sont revues à la baisse et passent de positives à neutres dans les portefeuilles de certaines maisons.
Source des données chiffrées : Morningstar.
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