Une nouvelle notion apparaît dans le monde de la gestion : la stratégie smart bêta. Qu’entend-on par là ? En réalité, il n’y a pas de véritable définition claire de cette stratégie car elle regroupe plusieurs facettes. Cette stratégie permet d’investir dans des indices « épurés ». Traditionnellement, on distingue la gestion passive qui se contente de répliquer la composition ou la performance des indices et la gestion active dans laquelle les gestionnaires scrutent les fondamentaux et les marchés de façon à dénicher les meilleures valeurs à intégrer dans le portefeuille.
Entre deux approches
La stratégie smart bêta se situe entre ces deux approches. Proche d’une gestion indicielle, les gestionnaires de ces fonds « épurent » les indices Les titres dans ces indices smart bêta ne sont donc pas pondérés en fonction de leurs capitalisations boursières mais en fonction d’autres critères. Par exemple, dans l’indice S&P 500, il y a une concentration importante de très grosses capitalisations. Or, il s’avère que les petites et moyennes compagnies surperforment souvent les grandes capitalisations alors qu’elles sont sous-pondérées dans cet indice. Un indice smart bêta peut éviter cette concentration en donnant, par exemple, une pondération équivalente à chaque valeur dans l’indice S&P 500.
Il faut aussi être conscient que la stratégie smart bêta de l’un ne sera pas la stratégie smart bêta de l’autre. Ces stratégies indicielles se concentrent sur des sous-ensembles de titres dans un indice mais ces sous-ensembles diffèrent d’un fonds ou d’un ETF à l’autre : petites et moyennes capitalisations, sociétés qui procurent des dividendes, actions à faible volatilité,… Les promoteurs de ces fonds espèrent que ces sous-ensembles vont surperformer le marché global mais ce n’est pas toujours le cas.
Difficiles à repérer
A noter encore que ces ETF (fonds indiciels cotés) ne se distinguent pas des ETF classiques dans leur nomenclature. Ils apparaissent dans les listes d’ETF cotés comme des ETF investis dans la totalité de l’indice en suivant les pondérations normales. Il faut aussi être attentif au fait que ces ETF sont parfois des ETF synthétiques qui utilisent des produits dérivés, qui ne sont pas toujours investis dans l’indice de référence et qu’ils présentent des risques de contrepartie.
L’ESMA, l’autorité des marchés au niveau européen, vient de faire une mise en garde au sujet de ces fonds. « Ces produits indiciels alternatifs ont connu une croissance rapide après la crise. Alors qu’ils minimisent certaines faiblesses des indices traditionnels, ils exposent les investisseurs à différents risques comme une plus grande exposition à la volatilité sectorielle. Ces produits sont plus opaques avec un faible niveau de transparence, ce qui rend difficile pour les investisseurs de définir le niveau de risque auquel ils sont soumis », estime l’ESMA.
Il est donc important que l’investisseur regarde dans quel type d’ETF (tracker) il investit (dans un indice revu ? Dans un ETF synthétique ?) car les dénominations ne fournissent pas une indication précise. La performance de l’ETF peut donc s’écarter de celle de l’indice sous-jacent.