Demain votre banque s’appellera-t-elle Facebook ou Amazon ?

IMG_1535Situé au cœur de Canary Wharf à Londres, le Level 39 est un endroit exceptionnel. C’est là, dans cet incubateur, que se développent les jeunes start-ups qui feront la finance de demain. On les appelle les FinTechs car elles associent les nouvelles technologies aux activités de la finance. Elles sont actives dans les nouveaux moyens de paiement, (e-wallets, paiements sans contact,…), dans le transfert des fonds (et le change des devises), dans le crowdfunding ou dans le traitement des données (data,…).

C’est dans ce lieu où se prépare le futur, que nous avons rencontré Eric Van der Kleij, Head of Level 39, qui a été un des initiateurs de ce projet lancé il y a tout juste deux ans. Nous lui avons demandé comment il voyait le secteur financier de demain. La finance est aujourd’hui confrontée à des concurrents qui émergent en-dehors du secteur traditionnel de la banque. Ces FinTechs sont actives dans tous les métiers de la banque avec une plus grande souplesse, une transparence et des coûts moindres.

Facebook déjà

Dans ce monde nouveau, il faut aussi tenir compte des GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon qui entendent bien prendre leur place dans le secteur financier. « Dans notre monde moderne, Facebook est le gardien de l’histoire de nos vies, de nos amours, de notre héritage. Facebook connaît plus sur nous que n’importe quelle autre compagnie. Ils sont donc dans une position sans égal pour nous offrir des services et produits financiers car ils peuvent évaluer la demande, le risque et, potentiellement, le caractère d’une manière plus profonde et plus conséquente que ce qui n’a jamais été possible de faire auparavant », estime Eric Van der Kleij. Contrairement aux agences de rating traditionnelles, Facebook dispose de renseignements très relevants sur la personnalité des utilisateurs. Bien sûr, nous sommes loin d’une analyse de risque traditionnelle qui tient compte du niveau d’endettement, de la capacité de remboursement, du défaut de paiement. Mais d’autres éléments sont tout aussi importants pour analyser la fiabilité d’une personne : sa famille, le nombre de ses amis, son amour des sports extrêmes ou ses excès de boisson, ses photos, ses témoignages, les personnes par qui elle est influencée, sont autant de facteurs qui permettent d’analyser les comportements risqués. « Les extensions de Facebook dans les services financiers ne sont pas encore claires même si nous sommes au courant de certaines collaborations comme, en 2012, avec « CommBank Kaching for Facebook ». Il s’agit d’un service de la Commomwealth Bank of Australia qui a donné aux 12 millions d’utilisateurs Facebook de ce pays l’opportunité de faire des opérations bancaires sans quitter leur plateforme de réseau social », ajoute Eric Van der Kleij.

A quand un Alibay ?

Du haut du 39ème étage du One Canada Square à Canary Wharf, Eric Van der Kleij peut imaginer de nouveaux entrants dans le monde de la finance. « Ce pourrait être le cas de nos nouveaux voisins, le groupe Alibaba qui pourrait fusionner avec un Ebay ou un Amazon. S’ils combinaient leurs forces, ils pourraient accroitre leur plateforme de vente, leur e-commerce, leurs transferts de fonds et leurs capacités de commerce mobile », note Eric Van der Kleij. Un énorme Alibay pourrait prendre forme. Nous serions face à des disrupteurs gigantesques dans le monde de la finance. Notre interlocuteur pointe également le développement de l’intelligence artificielle. Les FinTechs sont une des branches de cette forme d’intelligence. L’intelligence artificielle a déjà beaucoup d’applications dans le secteur financier. Le fonctionnement des réseaux neuronaux est intégré dans des systèmes de trading, les algorithmes génétiques sont utilisés pour gérer des actions en portefeuille. Les institutions financières utilisent l’intelligence artificielle pour réduire les erreurs dans les transactions. Il ne faut pas avoir peur de ces nouvelles technologies mais il ne faut pas non plus croire qu’elles nous apporteront que du bien. « La technologie est une force bénéfique pourvu qu’elle soit contrôlée, appliquée et encadrée par ses maîtres qui doivent être des humains responsables », conclut Eric Van der Kleij. Le secteur financier de demain sera, sans aucun doute, fortement influencé par les nouvelles technologies et par ces nouvelles formes de communautés que sont les réseaux sociaux. Ces technologies et ces réseaux devront cependant être maîtrisés en vue d’offrir une finance responsable, transparente, souple, à moindres coûts et surtout accessible à tous.

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Une réponse sur “Demain votre banque s’appellera-t-elle Facebook ou Amazon ?”

  1. Entre les banques en lignes, les réseaux sociaux et autres gros acteurs américains, on se demande où finira notre argent… Affaire à suivre ! Merci pour ces infos très intéressantes….

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