Aujourd’hui, la question est sur toutes les lèvres, allons-nous vers un scénario de déflation? Tout d’abord, il faut savoir de quoi il est question. Qu’entend-on exactement par déflation ? « La manière la plus communément admise pour définir la déflation est de parler de baisse généralisée du prix des biens à la consommation. Dans cette définition, deux termes sont importants : la baisse généralisée et les biens de consommation. Aujourd’hui, nous ne sommes pas entrés dans une baisse généralisée des prix hors prix de l’énergie et de l’alimentation », constate Etienne de Callataÿ, Chief Economist à la Banque Degroof.
Dans la théorie économique, la déflation est vue comme un ralentisseur de l’activité économique. En partant du principe que les consommateurs vont retarder leurs achats parce qu’ils savent que demain les prix seront plus bas qu’aujourd’hui, la déflation est annonciatrice de récession ou de baisse de croissance. Mais la réalité est tout autre. « En fait, une faible baisse des prix ne modifie pas les comportements d’achats. Nous ne croyons pas à ce scénario. Il ne faut pas perdre de vue la préférence pour l’immédiat dans le chef du consommateur. On a trop souvent tendance à croire que les gens sont « hyper » rationnels mais la réalité des comportements va au-delà de cette rationalité. N’oublions pas qu’il y a un coût d’opportunité dans le fait de renoncer à la consommation immédiate », souligne Etienne de Callataÿ.
Aujourd’hui, si la baisse des prix pétroliers peut donner l’apparence d’une déflation, nous ne sommes pas dans ce genre de condition en Europe. Par ailleurs, il y a tout lieu de penser que la baisse du prix du pétrole aura un impact bénéfique sur l’activité économique et sur le pouvoir d’achat. La chute des prix du pétrole pourrait sans doute permettre d’éviter un scénario de déflation. En effet, des prix pétroliers en baisse peuvent soutenir les prix à la consommation grâce à une relance de la demande. « La chute des prix du pétrole engendre une baisse des coûts de production qui peut être répercutée sur les prix des produits finis ce qui relance la demande. De plus, avec les économies réalisées sur les consommations de carburants, les consommateurs pourront consommer davantage d’autres biens et services, ce qui soutiendra l’activité économique », ajoute Etienne de Callataÿ.
Faut-il craindre un scénario de déflation demain ? « Ce n’est pas la bonne question à poser. Nous devrions plutôt nous demander si nous devons craindre une récession qui provoquerait la déflation. Si, en raison de la faiblesse de la conjoncture ou, dans certains pays, en raison de la perte de compétitivité, on doit baisser les salaires pour diminuer les coûts, cela provoquerait une baisse de la demande et, donc, une baisse de croissance. Dans ce cadre, il ne faudra pas exclure l’apparition de la déflation », explique Etienne de Callataÿ. Nous devrions donc plutôt craindre les causes et non les conséquences.
Quel rôle doivent assumer les pouvoirs publics dans le contexte actuel ? « Il faut, aujourd’hui, prendre des mesures pour stimuler l’activité économique par un assouplissement budgétaire, avoir l’audace de réformes structurelles pour faire mieux fonctionner l’économie avec des mesures ciblées dans le domaine de la fiscalité, de l’éducation et du marché du travail », conclut Etienne de Callataÿ.
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