Par BNP Paribas Investment Partners
Considérée autrefois comme un des « cinq fragiles »[1], l’Inde revient sur le devant de la scène à la faveur de sa meilleure stabilité macroéconomique et de l’accélération de sa croissance. C’est donc le moment venu pour exploiter les opportunités d’investissement que recèle ce pays, qui, selon le Fonds monétaire international (FMI)[2], devrait afficher un PIB en hausse de 7,5% en 2015. Ce géant démographique, qui s’adjuge désormais la plus forte croissance au monde, détrône ainsi son voisin chinois.
Évolution structurelle de l’Inde : un potentiel démographique sans égal
Avec plus de 1,2 milliard d’habitants, l’Inde abrite à elle seule 1/6e de la population mondiale. Mais surtout, elle bénéficie d’une évolution démographique favorable. Comme le montre le graphique ci-dessous, le nombre de personnes généralement inactives (« population dépendante ») par rapport à la population active (« population productive ») baisse progressivement en Inde, alors que ce ratio augmente chez la plupart de ses grands voisins asiatiques, notamment au Japon.
Le ratio de dépendance de l’Inde devrait baisser jusqu’en 2040
Source : UN Population Database (y compris estimations), Morgan Stanley, mai 2014
Alors que le PIB de l’Inde atteignait 1 000 milliards de dollars américains en 2008, il devrait dépasser les 2 000 milliards d’ici à mars 2016 (exercice 2016). Au vu de son profil démographique, le ratio de dépendance devrait poursuivre sa tendance baissière pendant encore 25 ans et ainsi soutenir fermement la croissance à long terme.
Stabilité macroéconomique : un coup de pouce pour une croissance saine
Les fondamentaux du pays se sont fortement améliorés ces deux dernières années, notamment grâce aux mesures efficaces prises par la banque centrale indienne (RBI). L’indice des prix à la consommation a baissé. Aussi les taux d’intérêt réels sont-ils de nouveau positifs. La roupie indienne (INR) s’est révélée une des devises émergentes les plus stables et les plus performantes de ces deux dernières années.
L’Inde tire profit de la chute des cours des matières premières, plus particulièrement de l’or noir, depuis la mi-2014. La baisse des prix entraîne un recul de l’inflation, une amélioration des balances courante et budgétaire ainsi qu’un renforcement de la croissance. Elle donne également plus de latitude à la banque centrale et au gouvernement pour favoriser une reprise durable de la croissance indienne.
Réformes et croissance : les moteurs d’une reprise à long terme
Le gouvernement a déjà entrepris des réformes clés, notamment la libéralisation des prix du diesel, la hausse des plafonds des investissements directs étrangers dans les domaines de la défense et des chemins de fer ainsi que la procédure d’octroi en ligne de permis relatifs à l’environnement et aux forêts. Il fait également pression pour que la taxe sur les biens et les services (GST) soit introduite. Les programmes de transferts monétaires directs devraient renforcer l’efficacité du système de subventions.
Alors qu’il faudra du temps avant que les investissements privés augmentent, les efforts entrepris par le gouvernement en vue de stimuler les investissements en infrastructures (notamment dans les routes et les chemins de fer) et dans le domaine de la défense contribueront à l’amélioration du taux de croissance économique.
Selon nous, une meilleure stabilité macroéconomique, une politique monétaire crédible et des avancées supplémentaires en matière de réformes sont autant de facteurs qui permettront une reprise structurelle du marché des actions plutôt que cyclique. Tout bénéfice pour les investisseurs à long terme.
Un BRIC[3] à part
La hausse du taux de croissance du PIB entraînera-t-elle une augmentation des bénéfices des entreprises et des rendements ? Selon nous, le marché des actions indien est particulièrement bien structuré par comparaison avec ceux des autres BRIC, permettant ainsi d’engranger de la valeur actionnariale dans un contexte de croissance économique.
Qui plus est, il est très diversifié et soutenu par des secteurs liés à la consommation, qui profitent de la tendance haussière à long terme de la consommation domestique, induite par l’essor de la classe moyenne. Des entreprises de classe mondiale sont représentées sur le marché et plus de 91% des titres de l’indice MSCI India relèvent du secteur privé.
Alors que le marché offre ce que certains appellent « la prime indienne » (c.-à-d. une prime de valorisation propre à la conjoncture de l’Inde), nous pensons que la prédominance d’entreprises privées concurrentielles dans les secteurs de la consommation et des services en apporte la justification. En outre, d’un point de vue neutre sur le plan sectoriel, le marché indien n’est ni meilleur marché ni plus onéreux que quelconque autre marché émergent.
Les particuliers sont devenus des acheteurs nets d’actions indiennes, soutenant ainsi fermement le marché. Ils sont attirés par des facteurs favorables comme un recul de l’inflation, des taux réels positifs, un marché de l’immobilier sous pression et des cours de l’or en baisse. Même après le récent afflux massif de capitaux, les actions représentent toujours moins de 3% de l’ensemble du patrimoine des ménages indiens. Étant donné que l’épargne de ces derniers augmentera probablement, les capitaux investis par les particuliers dans les actions devraient continuer de soutenir le marché.
Taux de rotation des actions indiennes de première classe
Le haut du classement a fortement chamboulé ces dernières années, un grand nombre de nouvelles entreprises émergentes en plein essor ayant succédé à celles qui ont fait leur temps.
De tels changements peuvent créer des opportunités intéressantes en vue de détenir les meilleures entreprises de demain. Les investisseurs peuvent se concentrer sur des sociétés cotées susceptibles de rester dans le classement de tête. Ils peuvent aussi chercher à identifier les entreprises hors indice plus petites, mais en plein essor, qui sont appelées à gagner des parts de marché et à devenir les futurs leaders de leur secteur.
Les fonds communs de placement restant relativement limités en Inde en comparaison du marché global ; les gérants d’actions ne peuvent influencer fortement les cours, ce qui facilite la tâche des gérants expérimentés pour surperformer.
Sur le plan sectoriel, les banques privées devraient le plus profiter de la nouvelle accélération de la croissance et bénéficier de meilleures conditions de liquidité sur fond d’assouplissement monétaire de la banque centrale. Leur absence dans les indices internationaux est une raison de plus pour les investisseurs internationaux de faire appel à un gérant actif qui peut investir dans des positions hors référence et garantir une exposition totale aux titres qui profiteront pleinement de la reprise indienne.
Cet article est un résumé du Rapport spécial sur l’Inde intitulé The rise of India: Unlocking investment opportunities in Indian equities (« L’Inde en plein essor : dénicher les opportunités d’investissement sur les marchés d’actions indiennes », disponible en anglais uniquement).
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[1] À l’été 2013, les rumeurs de réduction des mesures d’assouplissement quantitatif ont fait plonger les devises du Brésil, de la Turquie, de l’Inde, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud. Ces « cinq fragiles » se sont retrouvés sous pression en raison de leur déficit courant atteignant des proportions inquiétantes.
[2] Source : FMI, Perspectives de l’économie mondiale, mise à jour de juillet 2015
[3] BRIC = Brésil, Russie, Inde et Chine