Le Japon reprend des couleurs

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Le Japon fait depuis des années figure de cas dans l’économie. Avec une dette souveraine qui frôle les 200% du PIB et une situation persistante de déflation, on parle de « scénario à la japonaise ». Cependant, le ministre Shinzo Abe a pris des mesures en matière fiscale et monétaire appelées «Abenomics». Ces mesures portent leur fruit.

« Depuis son plus bas de mars 2009, l’indice Nikkei 225 a progressé de 179% et atteint son plus haut niveau depuis 15 ans en mars de cette année. Cette progression a largement été favorisée par la politique monétaire de la Banque Centrale Japonaise (BoJ) depuis l’arrivée au pouvoir de Shinzo Abe puisque le programme d’assouplissements quantitatifs de la BoJ a entrainé une baisse du yen et des taux qui a permis de gonfler les revenus et les bénéfices des entreprises japonaises », explique Vincent Juvyns, stratégiste chez JP Morgan AM.

En avril 2015, on assiste à un regain de confiance au Japon grâce à une hausse des salaires. Les autorités japonaises ont également décidé de reporter l’instauration d’une taxe sur la consommation pour ne pas freiner le nouvel élan qui émerge. Les exportations sont soutenues par la faiblesse du yen. La bourse de Tokyo est également soutenue par l’allocation stratégique du « Government Pension and Investment Fund (GPIF) », le plus grand fonds de pension du monde. En effet, dans ce fonds de pension, le poids des actions japonaises est passé de 12% à 25% l’an dernier et ce fonds devrait encore investir 59 milliards de dollars en actions japonaises en 2015. Sur les marchés boursiers, les valorisations semblent raisonnables et les changements attendus en matière de gouvernance devraient rendre ces entreprises plus attrayantes pour les investisseurs étrangers.

Mais, dans ce paysage, il reste encore quelques zones plus difficiles à gérer sur le long terme. Le Japon est confronté à des défis démographiques et économiques majeurs.  « Les taxes qui frappent la transmission du patrimoine sont très élevées au Japon. Avec des droits de transmission de 50 à 54% en ligne directe, les enfants doivent souvent vendre la maison de leurs parents pour pouvoir s’acquitter des droits qui la grèvent. Les maisons devienennt de plus en plus petites et si l’argent vous appartient aujourd’hui, si vous mourez il appartiendra à l’Etat », estime Shogo Maeda, Head of Japanese equities chez Schroders.

Ce spécialiste du marché nippon fait également remarquer que l’investisseur japonais est plutôt contrariant : il achète quand la bourse s’écroule. Il est aussi assez âgé avec une moyenne entre 60 et 70 ans. Pour pouvoir avoir accès à son fonds de pension il faut désormais avoir 64 ans contre 60 ans auparavant. « Les jeunes sont très peu présents sur les marchés boursiers. Nous devons essayer de les amener sur ce segment d’investissement mais c’est aussi une question de revenus. Des mesures sont prises pour encourager le don aux enfants. Les droits de transmission sont, par exemple, allégés pour les frais liés à l’éducation », note encore Shogo Maeda. Cet observateur fait également remarquer que le niveau de pauvreté augmente au Japon. Le pays du soleil levant sort la tête hors de l’eau mais doit encore faire face à quelques vagues de défis.

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