Peut-on encore se fier aux modèles économiques ?

par défaut 2014-06-19 à 09.57.58William White, ancien gouverneur de la Banque du Canada et actuel Chairman Economic and Development Review Committee à l’OCDE, était récemment de passage à Bruxelles à l’invitation de la Banque Nationale de Belgique et de la Société Royale d’Economie Politique. Cet économiste, qui avait annoncé la crise de 2008, met en garde contre certaines idées reçues. « Très souvent les statistiques économiques suggèrent une orientation mais que peuvent vraiment connaître les prévisionnistes des systèmes complexes ? Aujourd’hui, on parle de croissance globale mais on oublie de considérer que chaque région est fragile », estime William White.

Cet économiste pose alors la question : existe-t-il un réel équilibre économique ? Dans les années 70, une monnaie forte a conduit à de l’inflation, ce qui n’est plus le cas de l’euro aujourd’hui. Les politiques monétaires accommodantes que l’on a pratiquées ces dernières années ont construit des dettes colossales et, finalement, nous sommes arrivés à des déséquilibres économiques importants. D’autres éléments sont aussi intervenus comme la chute du mur de Berlin et l’octroi de crédits à des personnes qui n’auraient jamais dû y avoir accès. « Trop de crédits faciles ont engendré un montant de dettes démesuré et des déséquilibres importants », souligne encore William White.

Les modèles économiques et la théorie se heurtent à la réalité du terrain et aux comportements des acteurs économiques. William White fait ainsi remarquer que ce qui semble bon à court terme peut avoir des effets néfastes à long terme. Les aides diverses pour supporter les banques ou les secteurs industriels peuvent empêcher des ajustements nécessaires. Il n’y a pas eu de désendettement et on a soutenu le maintien de sociétés qui n’auraient pas du survivre. « Il faut aussi admettre que les politiques monétaires n’ont pas d’effets sur les comportements des consommateurs. On a tort de croire que les stimuli monétaires vont avoir un effet sur la demande. Aujourd’hui, les consommateurs sont endettés et ne peuvent plus consommer autant. Les investisseurs deviennent prudents et ce ne sont pas les politiques monétaires qui changeront ces comportements », affirme William White.

Aujourd’hui, on remarque que la disparité des revenus entre les plus riches et les plus pauvres s’est accrue. « Nous devons trouver une politique économique qui assure une croissance durable. Les gouvernements doivent utiliser la marge de manœuvre qu’ils détiennent en encourageant les investissements privés et publics. Les réformes structurelles doivent supporter la croissance. De même, nous devrions songer à des restructurations ou à des remises de dettes. Nous devons aussi nous attendre à des implications sociales et politiques grandissantes suite aux politiques économiques menées ces dernières années », prédit William White. Les modèles économiques ont démontré leurs limites. Finalement, ce ne sont pas ces modèles économiques qui éclaireront la voie à suivre : la résolution des problèmes passera avant tout par le politique. Il va falloir entamer une réflexion et une probable remise en question des politiques économiques menées en élargissant le cadre vers d’autres perspectives.

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