Une finance chrétienne est-elle concevable ?

DSCN1625Les crises financières que nous avons traversées ont mis en lumière certaines dérives de nos systèmes économiques. Il est apparu que l’homme était au service de ces systèmes alors que c’est l’économie qui devrait être au service de l’homme. C’est un des principes de la Doctrine sociale de l’Eglise sur lequel le pape François, très préoccupé par la pauvreté dans le monde, insiste.

Et si nous regardions les placements responsables à la lumière de cet éclairage ? Une vision atypique mais qui pourrait nous conduire à établir nos priorités en matière financière de façon plus pertinente. Une nouvelle initiative dans ce sens développée par la société de gestion privée Meeschaert a vu le jour en France.

En repositionnant la personne humaine au centre des placements, la question de l’investissement responsable est abordée autrement : en quoi l’entreprise dans laquelle j’investis apporte-t-elle une réponse aux besoins de la personne humaine ? En quoi est-elle au service de l’humain ? Comment veille-t-elle à la préservation de l’humain et de sa dignité? Comment contribue-t-elle à ses besoins, à son bien-être et à son épanouissement ? Cette démarche pourrait être qualifiée d’écologie humaine. Cette première approche permet de sélectionner une série de secteurs qui répondent aux besoins vitaux, de qualité de vie et d’épanouissement de la personne. La personne est mise au centre de la vie sociale, économique et financière.

Ensuite, il est important de se pencher sur les aspects de l’éthique sociale. Comment l’entreprise traite-t-elle la personne humaine ? Au-delà du simple Best in Class, il serait bon de voir les entreprises qui sont en train de progresser et qui veulent réellement aller de l’avant en mettant en œuvre des moyens pour y arriver.

Dans une troisième phase, la sélection des entreprises pour les intégrer dans le portefeuille doit tenir compte des réponses qu’elles donnent au développement et à l’épanouissement de la personne humaine. Il y a là une notion d’intégration positive qui peut se développer. Toutes les initiatives qui visent une amélioration de l’éthique de l’entreprise pourraient être prises en compte.

Souvent, ce seront des plus petites capitalisations qui apporteront ces réponses même si certaines grandes entreprisses correspondent à ces critères. Il y a un refus de tout ce qui porte atteinte à la vie humaine et à la dignité humaine. Le secteur de la santé avec ses pratiques en matière de recherche sur les cellules souches embryonnaires ou avec la commercialisation de produits abortifs sera exclu. La pornographie, l’armement, l’alcool, les jeux d’argent, les jeux vidéo sont autant de secteurs qui ne répondent pas à ces critères de respect et de dignité humaines. Par contre, les entreprises qui offrent des solutions pour répondre à la dépendance des personnes âgées (équipements médicaux, maisons de repos,…) seront analysées avec attention.

L’Eglise catholique, contrairement aux protestants, a un rapport de culpabilité par rapport à l’argent. Il faut transformer ce rapport en un rapport responsable à l’argent. C’est en intégrant de façon positive des valeurs en portefeuille et en se posant la question de savoir en quoi l’activité de l’entreprise sélectionnée délivre un réel apport à la personne humaine, que la démarche d’investissement pourrait replacer les valeurs humaines, sociales et sociétales au « cœur » du portefeuille.

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