C’est un sombre constat que fait le Réseau Financité dans son rapport annuel pour l’année 2013 : « La part de marché de l’ISR a chuté à 2,4 % fin 2013 (contre 3,1 % en 2012). L’encours des fonds de placement ISR a carrément perdu 2,042 milliards d’euros (-23 %) tandis que l’ensemble des fonds eux connaissent une augmentation de 10,98 milliards d’euros (+6 %). Le nombre de nouveaux fonds ISR commercialisés est inférieur au nombre de fonds sortants. Ainsi, au 31/12/2013, 12,3 milliards d’euros sont investis en ISR (diminution de 12 % par rapport à 2012) ».
Comment peut-on expliquer ce recul ? Selon le réseau Financité cette baisse s’explique essentiellement par une diminution de l’offre de produits ISR sur le marché belge. Parallèlement à cette diminution quantitative de l’offre de produits ISR, le Réseau fait remarquer que la qualité de ces produits est également plus faible. « Sur l’ensemble des fonds dits ISR étudiés, 90,5% ne sont pas considérés « éthiques » par le Réseau Financité (61 % des produits proposés sont à panier d’actions fixes et 27 % contiennent des actifs présents sur la liste noire Financité). Une telle situation mène à une qualité moyenne des fonds très basse », constate le Réseau. Cela fait plusieurs années déjà que cette association plaide pour l’instauration d’une norme légale minimale pour les produits ISR. Cette norme qualitative minimale permettrait d’instaurer une règle unique pour tous ces produits. Aujourd’hui, n’importe quel produit peut se targuer d’être durable sans qu’aucune disposition ne soit mise en place pour le contrôler.
Mais la question que l’on peut se poser est aussi de savoir s’il existe une demande pour ces produits étiquetés « éthiques » ? Selon une étude réalisée au mois de mai 2014 à l’initiative d’ING avec l’Université de Gand et les quotidiens L’Echo et De Tijd, il s’avère que plus de 50 % des personnes interviewées sont prêtes à investir dans des produits ISR. Mais 29 % des personnes interviewées se refusent à le faire. Un tiers des personnes interrogées ne comprennent pas la stratégie de placement du fonds ou n’ont pas confiance dans sa qualification « éthique et durable ». Education et confiance seraient donc à la base de la réticence à investir dans ce type de produits. « Nous pensons que la demande est là. Une personne sur deux est prête à investir dans ce type de produits mais beaucoup n’ont pas confiance. C’est pourquoi nous insistons une fois de plus sur la nécessité d’instaurer une norme minimale légale pour ces produits. Nous estimons aussi que la demande est liée à l’offre. S’il y a peu d’offre, il y aura moins de demande et les organismes financiers ne poussent pas ces produits. C’est comme si on retirait les produits du commerce équitable dans les magasins : il n’y aurait forcément plus de demande », constate Laurence Roland du Réseau Financité.
Pour favoriser la demande, une information claire et de qualité est nécessaire pour faire mieux comprendre au grand public ce que sont ces produits. Comme chaque année, rappelons que le Réseau met à la disposition du public sa base de données qui reprend les produits ISR commercialisés en Belgique. Cette base de données donne pour chaque fonds et compte d’épargne disponible en Belgique une cotation en étoiles sur sa qualité extra-financière (www.financite.be).
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