On l’oublie parfois, mais l’entrepreneuriat au féminin est une réalité : il n’y a pas que des hommes qui lancent leur start-up. Le Réseau Entreprendre (France) s’est penché sur la question de l’entrepreneuriat au féminin en confiant une étude à Séverine Le Loarne, professeur, chercheur à l’école de Management de Grenoble, sur le thème « Hommes / femmes, vos stratégies de développement d’entreprise ». « « Nous avons souhaité réaliser cette étude auprès de 849 chefs d’entreprise de notre réseau pour comprendre comment la personnalité et l’environnement du dirigeant – homme ou femme / junior ou senior – influaient sur les stratégies de développement de leur entreprise », explique David Pouyanne, Président de Réseau Entreprendre.
Dans cette étude, les femmes ont en moyenne deux enfants à charge (contre 3,5 pour les hommes) et 81% d’entre elles sont en couple. 61% de l’échantillon féminin se situait dans la tranche d’âge 40-55 ans.
Cette étude révèle que l’ambition de lancer et de développer son entreprise ne dépend pas du genre. Cependant, on constate que l’acte d’entreprendre est moins spontané chez les femmes que chez les hommes. Les femmes s’impliquent également plus dans le développement de leur entreprise. Cela a pour conséquence qu’elles délèguent moins facilement que leurs homologues masculins. « Ainsi, seuls 36% des hommes déclarent s’impliquer dans les fonctions opérationnelles contre 45% pour les femmes ». Cette attitude constitue souvent un frein à l’expansion de leur activité.
Si les femmes font autant partie de réseaux que les hommes, leurs attentes et la gestion de ces réseaux ne sont pas identiques. En effet, alors que les hommes ont plutôt une approche « donnant-donnant », les femmes s’engagent dans ces réseaux de façon plus ciblée et avec un objectif précis.
L’entrepreneuriat au féminin fait également l’objet de beaucoup d’a priori. L’étude relève un certain nombre de ces préjugés en les démontant parfois.
« Cette étude a permis de revenir sur plusieurs idées reçues sur l’entrepreneuriat féminin en les expliquant ou nuançant :
- Les femmes sont plus diplômées que les hommes : VRAI. 72% des femmes sont de niveaux bac+5.
- Les femmes sont plus âgées que les hommes : VRAI et FAUX. 31% des femmes ont entre 25 et 45 ans (contre 15% des hommes) et 21% des hommes ont entre 55 et 70 ans (contre 7% des femmes).
- Les femmes n’ont pas d’enfants : FAUX. Les femmes ont en moyenne 2 enfants à charge (3,5 pour les hommes).
- Les femmes sont moins expérimentées : FAUX. 63% des femmes avaient une expérience avant d’entreprendre.
- Les femmes sont plus issues d’une lignée entrepreneuriale : VRAI. Les femmes sont 45,8% à avoir une filiation entrepreneuriale.
- Les femmes ont moins d’intentions de développement : FAUX. Les femmes ont les mêmes intentions de développement que les hommes ».
Cette étude constate également que les différences de comportements entre hommes et femmes entrepreneurs s’estompent chez les jeunes générations (moins de 40 ans). De plus, les femmes n’attendent pas forcément d’être libérées de leurs contraintes familiales, comme l’éducation des enfants par exemple, pour se lancer dans l’entrepreneuriat. Par contre, le fait d’avoir dans sa lignée des entrepreneurs joue un rôle plus prédominant chez les femmes que chez les hommes.
Dans l’échantillon observé, les entreprises développées par des hommes réalisent en moyenne 4,9 millions d’euros de chiffre d’affaires alors les femmes réalisent 1,6 million d’euros de chiffre d’affaires en moyenne. Cette différence s’explique par le type d’entreprise : les femmes créent plus qu’elles ne reprennent. Les femmes entreprennent également davantage dans le secteur des services.
En conclusion, cette étude révèle l’importance des rôles « modèles » pour entreprendre. « Pour favoriser la création ou reprise d’entreprise à potentiel par une femme, il apparaît nécessaire de construire autour d’elle une famille entrepreneuriale. Valoriser les réussites féminines contribue à cet objectif ».
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