Entretien avec Peter Hinssen, Président et co-fondateur de Nexxworks
Retenez bien ce mot : disruption. Il va avoir un impact dans tous les domaines de l’économie que ce soit le marketing, les médias, la stratégie des entreprises ou la technologie. La disruption c’est la façon dont certains acteurs économiques, souvent des jeunes start-ups, viennent casser un modèle économique existant pour mettre en place un nouveau système économique innovant. Quelques exemples de disruption émergent déjà avec succès : le site de location de chambres entre particuliers Airbnb ou encore Uber. Souvent, ces disrupteurs sont des acteurs qui opèrent en-dehors du secteur des modèles qu’ils viennent briser.
Comment ces disrupteurs arrivent-ils à prendre une telle place dans l’économie ? Nous avons interrogé Peter Hinssen, Président et co-fondateur de Nexxworks, auteur du livre « The network always wins » édité chez Across technology. « Les grandes entreprises sont paralysées par une bureaucratie trop importante. Elles sont trop lourdes. La technologie digitale permet d’être très souple. Aujourd’hui, le thème de la disruption est bien réel. Nous sommes occupés avec ça depuis deux ou trois ans. Le business model a complètement changé. Avant, le rêve était de devenir comme Apple mais, aujourd’hui, les jeunes start-ups en Californie cherchent à casser les modèles existants pour en construire de nouveaux. Elles sont en quelque sorte sanguinaires. Regardez Uber, par exemple, au départ c’est une simple application (app). En juillet, ils ont levé 1,2 milliards de dollars auprès des venture capitalistes en Californie. Leur modèle vient casser l’activité des taxis mais, demain, ce seront les secteurs des livraisons de pizzas, DHL ou encore la poste qui seront attaqués par ce modèle », explique Peter Hinssen.
On assiste à un changement radical dans la société grâce à la technologie et aux réseaux sociaux. Le modèle économique actuel est totalement bouleversé en passant d’une économie de la propriété vers une économie de partage avec des notions de « crowd companies », de location de particuliers à particuliers, de fourniture d’accès aux choses plutôt que d’en donner la propriété. « Dans cet environnement, le rôle des venture capitalistes, appelés VC, est essentiel. C’est vraiment le carburant dans le moteur des disrupteurs. Alors qu’à ses débuts Microsoft avait reçu un million de dollars de ces VC, aujourd’hui on parle de plus d’un milliard de dollars pour Uber. Ces VC croient qu’il y a de la valeur dans cette destruction créatrice. Cela peut être, selon eux, très lucratifs. Tout cela ne pourrait être qu’une bulle mais il faut reconnaître que des pans entiers de l’économie partent en lambeaux à cause de ces disrupteurs. Je crois énormément dans la force des réseaux. Beaucoup d’entreprises sont encore uniquement des structures alors que le monde fonctionne en réseau. Le CEO doit comprendre cela dans l’entreprise, autrement c’est un désastre», souligne Peter Hinssen. Aujourd’hui, les jeunes sont multi-facettes, multi-canaux. Les start-ups fonctionnent sans organigramme. « On sait quand une start-up va piquer du nez : c’est quand elle va mettre en place un organigramme », ironise notre interlocuteur. Il faut que les entreprises repensent leur finalité. « Qu’est-ce que c’est qu’une entreprise ? Il faut se dire que c’est un réseau de personnes qui travaillent dans un même but. Les changements de marchés, d’organisation, de technologie, d’innovation sont les défis de demain », conclut Peter Hinssen.
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