A l’heure des stress tests, les banques sont à nouveau mises sur le devant de la scène. Les divers ratios de solvabilité et de liquidité sont invoqués. Les pires scénarios sont testés. Et si le danger ne venait pas d’une crise systémique mais bien d’un changement plus profond du système ?
Suite à la crise de 2008 et dans le but de protéger les consommateurs, les régulateurs ont instauré de nouvelles réglementations ainsi que des barrières aux nouveaux entrants dans le secteur financier. Ils ont aussi restreint l’accès à certains produits. Ces développements, combinés au désenchantement des clients vis-à-vis de leur banquier, ont provoqué, essentiellement dans les pays anglo-saxons, le déploiement d’une nouvelle offre de services parallèle largement supportée par le développement des nouvelles technologies. Cette offre soutenue par les FinTechs (technologies appliquées au domaine de la finance) mènera au démantèlement du secteur financier s’il n’y participe pas de façon proactive car son offre est obsolète.
Qu’est ce que le secteur redoute aujourd’hui ? « Il y a des poches d’innovation qui font peur aux banques. Le bitcoin, et plus largement les monnaies virtuelles, est une des craintes du secteur. Il y a aussi les nouveautés en matière d’accès aux capitaux : le crowdfunding ou le crowdlending. Nous décelons aussi un danger au niveau de l’obsolescence des infrastructures. Pour beaucoup d’entre elles, un renouvellement des infrastructures de back-office est à envisager. Il va falloir offrir un service de qualité sans devoir tout reconstruire. Alors, vont-elles outsourcer cet aspect de leur activité ? », se demande Fabian Vandenreydt, Head of markets management chez Innotribe et The Swift Institute. Dans le domaine des paiements à l’étranger, les banques sont encore chères et manquent de transparence. Il y a beaucoup de choses qui bougent dans les transferts transfrontaliers avec l’émergence d’offres plus simples et moins coûteuses.
Ces sociétés qui attaquent le secteur financier ne sont pas issues du secteur et ça c’est assez nouveau. On voit, dans les pays anglo-saxons, des grandes banques prendre des participations dans ces FinTechs. C’est le cas de HSBC ou Barclays à Londres, par exemple. Des villes comme Londres, Singapour ou New-York sont particulièrement actives pour intégrer cette technologie au monde de la finance.
Dans cet environnement, quel est le principal problème des banques belges ? « Le principal problème en Belgique c’est que beaucoup de banques ne sont plus belges », constate Fabian Vandenreydt. Les centres de décision stratégique sont à l’étranger et la Belgique perd ainsi sa capacité d’innover dans un secteur qui en a pourtant bien besoin.
Le danger viendra d’où on ne l’attend pas : il y a des disrupteurs qui entrent dans toute les poches d’activité du secteur financier. Comme le rappelait Marc Fiorentino dans son dernier livre « Faites sauter la banque » édité chez Stock, demain, nous n’aurons plus besoin de la banque pour payer, avoir un compte, transférer de l’argent à l’étranger, pour prêter ou emprunter ou pour avoir un conseiller en placement. Les banques engluées dans leurs contingences réglementaires et dans leur course à la réduction des coûts doivent se réveiller et entamer, sans tarder, un tournant innovant.
Cet article vous a intéressé, consultez aussi :
– Mais que fait la banque avec notre argent ?
– Trois bonnes raisons pour faire sauter la banque universelle ?