Compte tenu des sorties de capitaux substantielles observées en Russie et des pressions politiques du reste du monde penchons-nous sur les opportunités d’investissement du pays et sur les craintes des investisseurs à l’égard de nouvelles sanctions.
Le scénario central est toujours qu’il est improbable que la Russie envahisse l’Est de l’Ukraine et déclenche de la sorte une troisième phase de sanctions de la part de l’Occident. Nous nous attendons cependant à ce que la Russie continue à faire monter la pression sur le gouvernement ukrainien.
Il n’empêche que l’Union européenne, qui connaît une modeste reprise économique, est dépendante de la Russie pour ses importations d’énergie et que certains États membres ont peur pour leurs exportations lucratives vers la Russie. Une action unilatérale des États-Unis donnant lieu à une troisième phase de sanctions aurait des conséquences substantielles pour les relations d’affaires entre les pays européens et la Russie, ce qui rend une action non coordonnée peu probable.
En dépit de l’importance des liens politiques et économiques entre l’Allemagne et la Russie (l’Allemagne est le principal partenaire commercial européen de la Russie et abrite la communauté russophone la plus importante de l’UE), les négociations entre l’Allemagne et le gouvernement ukrainien ne semblent guère entraîner de réduction de la volatilité sur les marchés.
Il ne faut cependant pas sous-estimer l’impact des sanctions sur l’économie russe. La Russie est confrontée à la perspective de nouvelles sanctions explicites et implicites, mais même en l’absence de sanctions supplémentaires, les effets à long terme seront perceptibles dans le pays en 2014. Alors que les effets à court terme sont déjà pris en compte, les sociétés et les consommateurs russes seront confrontés à une hausse du coût du capital et à des difficultés accrues pour entretenir des relations commerciales avec le monde extérieur.
La Russie reste l’une des rares économies mondiales avec une dépendance relativement faible vis-à-vis des flux de capitaux étrangers. En l’absence de sanctions économiques majeures visant les sociétés russes et de faiblesse des prix pétroliers, les perspectives macroéconomiques de la Russie demeurent stables et le surplus actuel de la balance courante russe, combiné au rouble plus faible, devrait aider le gouvernement à équilibrer le budget fédéral et à maintenir ses dépenses sociales en 2014.
En termes d’opportunités d’investissement, les sociétés russes privées des secteurs de l’énergie et des matériaux offrent un point d’entrée attrayant compte tenu des valorisations faibles, des vastes ressources, du contexte fiscal de plus en plus stable et des cash-flows disponibles et du rendement du dividende appréciable. Avec les entreprises d’exploitation minière, les firmes pétrolières russes sont les principales bénéficiaires de la faiblesse de la devise étant donné que leurs coûts sont surtout exprimés en roubles, tandis que leurs revenus sont essentiellement libellés en dollars. De façon générale, il convient d’éviter les sociétés russes endettées en raison de la hausse du coût du capital et des marchés financiers plutôt fermés.
D’autre part, l’absence d’opportunités perçue s’explique davantage par le manque de réformes et de confiance dans la capacité du pays à maintenir une politique macroéconomique cohérente que par les risques géopolitiques. La Russie a toujours été un marché très volatil de sorte que les investisseurs sont habitués aux risqués élevés lorsqu’ils investissent en actions russes.
Les sorties de capitaux publiées pour le premier trimestre de 2014 sont les plus importantes depuis la crise financière de 2008 et il y a tout lieu de croire qu’elles se poursuivront cette année.
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