La Revue : Inflation trop faible ou déflation ?

bourse Nyse 2Ce n’est un secret pour personne : l’inflation ne cesse de reculer en zone euro. Certains  abordent même le terme de déflation. On parle de déflation lorsque les prix diminuent de façon généralisée et continue. En est-on arrivé à ce stade dans la zone euro ?

Que l’on se rassure, ce n’est pas encore le cas. On remarque que, globalement, les prix continuent à augmenter dans cet espace économique. Ce qui est cependant inquiétant c’est le manque d’homogénéité entre les différents pays. Paul De Grauwe, Professeur à la London School of Economics, s’inquiétait récemment dans les colonnes de la Libre du fait que le phénomène de déflation frappait surtout les pays périphériques qui sont plus vulnérables et dont la situation risque d’empirer dans un scénario déflationniste.

La Suède et le Royaume-Uni font également l’objet d’un recul de l’inflation. En Suède, l’inflation est négative de 0,2% et, au Royaume-Uni, le niveau d’inflation est descendu à 1,9%. Rappelons que l’objectif d’inflation de 2% poursuivi par la BCE est loin d’être atteint. Si, pour certains pays, comme la Grande-Bretagne, il s’agit d’une bonne chose, cette faible inflation et son recul pénalise les pays périphériques qui doivent consacrer une plus grande partie de leur budget au remboursement de la dette. De plus, dans un scénario déflationniste, les consommateurs ont plutôt tendance à reculer leurs décisions d’achats, ce qui ne favorise pas la relance de la croissance dans ces pays. Certains observateurs préconisent une réaction plus agressive de la BCE à l’instar de ce que fait la FED aux Etats-Unis. « Malgré des taux d’inflation très bas, les banques centrales n’ont plus beaucoup de latitude pour baisser leur taux et le font donc avec parcimonie. La reprise est fragile et la zone euro souffre d’un chômage trop élevé et d’une inflation trop basse. Autre leçon de ces chiffres, la consommation reste encore faible et le ralentissement dans les pays émergents pourrait venir fragiliser cette reprise. La BCE ne doit pas baisser la garde et, surtout, nous devons éviter de voir l’euro trop se renforcer par rapport au dollar», souligne Bernard Keppenne, Chief Economist de la banque CBC. On comprend que, aujourd’hui, la BCE dirige un paquebot dans des eaux assez troubles. Elle a déjà bien réagi et les efforts consentis portent leurs fruits mais le chemin est encore semé d’embûches et la marge de manœuvre est étroite. Cette situation donne l’occasion à de nombreuses Cassandre de prédire le pire pour la zone euro en agitant le spectre d’un scénario à la japonaise.

Du côté des émergents, on ne doit pas s’attendre à une baisse de tension. Le ralentissement de la politique monétaire américaine (tapering) provoque des pressions sur les actifs détenus dans les pays émergents et sur les devises. On signalera la dévaluation du peso argentin qui écorne encore davantage la confiance dans ces marchés. Cette morosité dans les pays émergents n’est cependant pas généralisée au reste du monde. « Le moteur de la croissance mondiale semble désormais se situer du côté des marchés développés qui, grâce au programme de stimulation fiscale et monétaire du gouvernement nippon (« Abenomics »), à la stabilisation de la Zone Euro, à la consolidation de la reprise américaine, et aux politiques monétaires globalement accommodantes des banquiers centraux, retrouvent les faveurs des investisseurs », reconnaît Thierry Masset, Chief Investment Officer chez ING Belgium.

Les investisseurs doivent donc rester attentifs aux évolutions économiques, monétaires et financières à travers le monde. La diversification est encore et toujours de mise dans les portefeuilles de même qu’une vigilance à l’égard du monde qui nous entoure et plus spécifiquement à l’égard des politiques monétaires des banques centrales qui semblent bien mener la danse sur les marchés financiers en ce début 2014.

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