Nous avons interviewé Georges Hübner, Professeur de finance à l’ULg sur l’importance de l’éducation financière.
Faut-il éduquer le grand public en matière financière ?
Il est important d’éduquer les gens en matière financière mais nous constatons que s’il n’y a pas une volonté, une démarche volontaire en matière d’éducation financière de la part de la personne, la démarche éducative ne sera pas efficace. Par contre, si des initiatives éducatives sont suivies par des personnes qui ont fait ce choix librement, alors cette éducation sera productive.
Je ne pense pas qu’il soit facile d’amener le tout venant à se former en finance. Il faut qu’il y ait une volonté personnelle qui sous-tende cette démarche. Essayer d’entamer une telle démarche après l’école, c’est trop tard. C’est plutôt aux jeunes en cours de formation qu’il faudrait donner accès à cette éducation.
Cette formation sera-t-elle suffisante ? Que dire du secteur financier lui-même ?
On constate que, du côté des conseillers financiers, les manquements sont importants. Nous devrions tendre vers un nivellement par le haut en formant les conseillers financiers et les courtiers. Cette formation devrait être rigoureuse et certificative, sanctionnée par des examens. Nous devrions nous inspirer de la médecine. En tant que financier, il y a un diagnostic qui est posé et ensuite une prescription. Avant, pour être conseiller financier, il suffisait d’avoir des cheveux blancs. Mais, l’expérience ne suffit pas, il faut que le conseiller ait un bagage suffisant, comme le médecin. Beaucoup de conseillers n’ont aucune formation en économie ou dans le domaine financier. Il est donc impératif d’entamer ce processus de formation de la profession.
Mais il faut aussi que les citoyens se forment dans ce domaine. Comment les former ?
On devrait pouvoir fournir des cours aux adolescents en instaurant un cours d’économie obligatoire comme sont obligatoires les cours d’anatomie ou de biologie. Quand nous sommes malades, nous allons chez le médecin qui est formé sur base d’une éducation certifiée. Nous avons quelques connaissances en anatomie mais, pour le reste, nous lui faisons confiance. Cela devrait être la même chose pour la finance.
Aujourd’hui, la réputation de la finance est mauvaise. La finance n’est pas un élément central dans l’apprentissage. Il faudrait une volonté politique qui n’est malheureusement pas présente. Tout, dans notre société, induit une mauvaise perception de l’économie et du monde financier. Or, il faudrait conscientiser les étudiants pour qu’ils se préoccupent de leurs avoirs en leur donnant les principes de base et en suivant une progression pédagogique. Dans ce cadre, la FSMA doit augmenter ses moyens et, idéalement, un parti politique devrait mettre l’éducation financière dans son programme.
Photo : JL Wertz
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