Les ETF (ou trackers) sont des produits apparemment simples. Ces fonds cotés en Bourse répliquent un indice ou sa performance. Ce sont des fonds indiciels qui ne sont pas gérés activement et qui sont, en principe, transparents, liquides et avec une structure de frais plus légère que celles des fonds actifs. Cependant, en tant qu’investisseur, il convient d’aller au-delà de cette simplicité apparente et de s’attarder sur certains aspects non négligeables de ces produits.
– La première question à poser est de savoir dans quel type de réplication d’indice on se trouve : une réplication physique ou une réplication synthétique. Pour rappel, la réplication physique consiste à investir dans toutes les valeurs qui composent l’indice en fonction de la pondération de chaque valeur dans l’indice. La réplication synthétique consiste à répliquer uniquement la performance de l’indice et non sa composition. Le fonds à réplication synthétique investit dans des valeurs très liquides mais qui ne correspondent pas à la composition de l’indice sous-jacent à l’ETF et il réplique la performance de l’indice par une construction de produits dérivés.
– Les ETF peuvent pratiquer le prêt de titres. Cette technique, génératrice de rentabilité, consiste à prêter les titres en portefeuille à des brokers qui payent pour cela un « loyer » et qui doivent donner en contrepartie une garantie sous forme d’un dépôt de titres équivalent à plus de 100% du montant emprunté sous forme de titres. Ce prêt se fait, en général, pour des raisons fiscales. Il est donc nécessaire de s’enquérir, dans le cas de la réplication physique, si le fonds pratique le prêt de titres. Quelle est la proportion des titres qui sont prêtés par le fonds ? Comment est structuré ce prêt de titres ? Lors d’un prêt de titres, il faut veiller à voir qui sont les firmes collatérales et les garanties qui sont exigées en dépôt de ce prêt. Comment sont sélectionnées les firmes à qui le prêt de titres est octroyé ? Le fonds prête-t-il les titres à des hedge funds qui empruntent pour jouer à la baisse ? Les revenus des prêts de titres et la grille de rétrocession sont ils publiés par le fonds ? Le fonds publie-t-il les revenus nets de ce prêt de titres car ces revenus nets reviennent au fonds ?
– En cas de réplication synthétique quel est le risque de contrepartie ? Parfois l’émettteur d’ETF synthétiques ne travaille qu’avec une seule contrepartie ce qui alourdit le risque de l’ETF.
– L’investisseur doit aussi se renseigner sur la performance du fonds par rapport à son indice de référence. A priori, on pourrait croire que, comme ces fonds répliquent un indice, la marge d’erreur par rapport à la performance de l’indice est nulle. Or, ces fonds peuvent légèrement sous ou sur performer leurs indices en raison de différents facteurs comme la gestion des coûts ou encore en fonction des revenus nets générés par le prêt de titres.
– La liquidité de l’ETF doit aussi être analysée. Elle dépendra à la fois de la liquidité de l’indice sous-jacent et de la liquidité du tracker (assurée par les liquidity providers).
– Comme dans tous les fonds, les frais doivent faire l’objet d’une analyse. Il ne faut pas confondre le TER annoncé avec le TCO (Total Cost Ownership) qui comprend tous les frais d’achats, de vente, de conservation, d’administration, de listing et les taxes afférentes au produit.
L’apparente simplicité des ETF ne doit donc pas dispenser l’investisseur d’une certaine analyse de risque, de performance et de coûts.
Merci pour ce nouvel excellent article, concis, structuré et complet.
Existe-t-il un site – neutre et objectif – où une évaluation serait faite des ETF suivant tous ces critères de risque et de qualité ?
Merci pour votre fidélité. A ma connaissance, il n’existe pas de site « neutre » mais certains asset managers qui développent ces produits (je dis bien certains!) donnent des informations à ce sujet. Mais je ne peux pas faire de pub!
Il me semble avoir lu qu’il y avait du nouveau dans ce domaine. N’est-ce pas Morningstar qui donne maintenant des cotations pour les fonds indiciels comme il le faisait jusqu’ici pour les produits dits actifs ?
Si oui, qu’en pensez-vous ? Est-ce utile de consulter ce site ?
A propos de la gestion indicielle, voir l’interview d’Alain Siaens dans un Trends récent : amusant que le patron d’une boîte de gestion essentiellement active dise carrément que la meilleur façon de placer son argent est d’acheter un tacker mondial ! Une gestion que je qualifierais de doublement passive, puisqu’il ne parle même pas d’allocation tactique ou stratégique ! Qu’en pensez-vous ?
Suggestion : une « rencontre de Moneystore » avec des spécialistes de gestion indicielle. Il y a DDEL bien sûr, que vous connaissez certainement très bien (multiples articles sous votre signature dans La Libre), mais il y a au moins une autre société active en Belgique qui applique les mêmes principes. Amusez-vous à voir qui est administrateur de cette autres société : des top niveaux de grandes banques de private banking, manifestement reconvertis après leur pension en tenant de la gestion passive !
Idéalement l’orateur devrait plutôt être du milieu académique pour assurer un regard neutre sur cette forme de gestion dont certains disent le plus grand bien, mais qui est un désastre économique pour les banquiers qui perdent une bonne partie de leurs commissions.