L’investissement responsable vaut la peine

Photo071Par ING IM

L’année 2012 a été une année marquante pour l’investissement responsable, avec une très robuste croissance des actifs grâce à un intérêt accru des investisseurs et à des études démontrant l’effet positif sur la performance de l’incorporation de facteurs ESG (environnemen­taux, sociaux et de gouvernance) au sein de la stratégie des sociétés et des fonds. Une étude de la Harvard Business School va dans le même sens.

Le concept d’investissement responsable englobe une vaste gamme de stratégies et de dénomina­tions (placements éthiques, verts, thématiques, engagés et responsables). Ces stratégies utilisent des critères positifs, des critères négatifs ou une combinaison des deux pour évaluer les risques et les opportunités ESG. Pour les critères positifs, un processus de type ‘best-in-class’ est utilisé pour sélectionner ou pondérer les sociétés sur base de facteurs ESG. Un tri négatif limite l’univers de pla­cement par l’exclusion de sociétés ou de secteurs entiers sur base de leur activité ou de leur compor­tement. Bien que les performances aient varié largement d’un fonds à l’autre, de récentes études académiques montrent qu’une approche ESG ‘best-in-class’ entraîne souvent un meilleur rapport risque/ rendement ajusté qu’un investissement ‘traditionnel’.

Les sociétés durables performent mieux

Les preuves d’une meilleure performance des sociétés durables à long terme s’accumulent également. Une étude des performances à long terme réalisée en 2011 par la Harvard Business School montre ainsi que les sociétés américaines ayant adopté volontairement une politique environ­nementale et sociale depuis longtemps ont nettement mieux performé que les sociétés dites ‘à faible durabilité’, tant en bourse (de 4,8% par an) qu’en termes de performance comptable. Un facteur de différenciation important pour ces sociétés est le niveau d’engagement de la direction en ce qui concerne les questions ESG. Un positionnement ESG supérieur reflète la qualité et les capacités d’exécution du management.

BASF : exemple d’intégration des facteurs ESG

BASF, la société chimique allemande, est un exemple de société ayant adopté cette approche bien avant qu’elle ne devienne un phénomène de mode. La société a développé le concept de ‘Verbund’ pour une utilisation efficace des ressources. Ce concept intègre les unités de production, les flux énergétiques et l’infrastructure. En dehors des avantages financiers et économiques d’une intégration complète des unités de production pétrolière/gazière et chimique à un seul endroit, ceci permet d’économiser les matières premières et l’énergie, de réduire les émissions et les coûts logistiques et d’exploiter des synergies.

Il existe six sites ‘Verbund’ mondiaux, se concentrant sur la production, la technologie, les clients et les employés. Près d’un tiers des dépenses de recherche et de développement de BASF sont liées à l’efficacité énergétique et à la protection du climat. La société s’attend à ce que ses activités de recherche dans ces domaines (comme l’énergie renouvelable et les produits à batterie) accroissent les ventes de produits protégeant le climat. BASF est l’un des meilleurs élèves dans son secteur. La société n’opère pas dans des activités non autorisées, n’est pas impliquée dans des controverses majeures.

BP : sévères conséquences dues au non-respect des facteurs ESG

À l’autre extrémité de l’échelle, on trouve la société pétrolière BP, pour laquelle le non-respect des facteurs ESG a eu des conséquences sévères. En 2010, le cours de l’action de la société a chuté de plus de 50% après l’accident de Deepwater Horizon qui a provoqué la plus grave marée noire au monde. Les dédommagements financiers ont également été sévères : la société a déboursé jusqu’à présent USD 42 milliards. Bien que BP ait mis en place des politiques et des stratégies rigoureuses en matière de sécurité et de gestion de l’environnement, ceci n’est pas allé de pair avec des comportements adéquats sur le terrain. Au fil des années,  BP a été impliqué dans de nombreux incidents liés à des pots-de-vin et de la corruption, à la sécurité et à la santé, avec notamment la plus grande marée noire en Alaska. Ces incidents sont considérés comme des avertissements précoces du manque de volonté de la direction de tenir compte des facteurs ESG.

Identifier les gagnants à long terme

Les exemples susmentionnés soulignent l’importance d’une analyse rigoureuse des actions incorporant tous les facteurs influençant la performance des sociétés. L’analyse financière traditionnelle basée sur les données comptables ne se concentre que sur le ‘sommet de l’iceberg’ et est à elle seule insuffisante pour appréhender le contexte compétitif et d’investissement changeant dans lequel les sociétés opèrent. Une approche combinant l’analyse financière et une analyse rigoureuse des risques d’investissement et des facteurs de valeur cachés, détermine quelles sociétés seront les gagnants à long terme. Les facteurs de valeur sont largement liés à une meilleure maîtrise des coûts futurs, aux opportunités de revenus et de positionnement de la marque et à une plus faible probabilité d’atteinte substantielle à la réputation.

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