L’éducation : un défi de durabilité majeur

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Par Petercam

La publication des tests PISA de l’OCDE montre l’importance de l’éducation, clé de l’avenir des Etats. Ces tests permettent de comparer les connaissances et compétences des élèves de 15-16 ans dans 64 économies différentes.

L’Asie du Sud-Est – en particulier la Chine et Singapour – se démarque clairement en occupant les premières places dans les 3 compétences requises : mathématiques, sciences et capacité à la lecture. Alors que les pays européens se retrouvent plutôt dans le ventre mou du classement.

L’analyse des résultats est pertinente dans une optique de durabilité car elle questionne sur les systèmes d’éducation et sur la capacité d’un pays à assurer la qualification suffisante de ses générations futures.

Alors qu’une pénurie d’ingénieurs est à craindre de façon croissante dans plusieurs pays développés, les résultats en mathématiques des élèves belges donnent un faible espoir car si ceux-ci sont supérieurs à la moyenne de l’OCDE, ils se dégradent sur les 10 dernières années. Et nous ne rentrerons pas dans le débat des différences entre régions, problématique que nous retrouvons dans plusieurs pays notamment en Espagne et en Italie avec des divergences substantielles, expliquées également par les différences de statuts socio-économiques des régions.

Les facteurs socio-économiques et culturels restent très discriminants dans notre pays et chez nos voisins comme en France. A l’heure des restrictions budgétaires pour les gouvernements et une facture croissante sur les ménages, se pose clairement la question de l’égalité des chances entre les élèves. L’étude de l’OCDE conclut à ce titre que s’il n’y a pas moins d’enseignants dans les institutions défavorisées, la qualité de ceux-ci est régulièrement plus faible.

La Belgique, et l’Europe en général, doit être attentive à cette problématique, qui est une issue majeure à notre époque. D’une part, le système éducatif repose principalement sur les ressources publiques, dans un contexte de restrictions budgétaires. D’autre part, la pénurie de main d’œuvre hautement qualifiée crée une surenchère sur l’engagement d’ingénieurs ou autres, qui n’hésitent pas à s’expatrier vers des opportunités plus prometteuses. L’Italie notamment doit faire face à une importante fuite de cerveaux ; le marasme économique ne retenant pas particulièrement les hauts diplômés du pays.

Les sociétés, pour être durables, doivent également s’inquiéter des évolutions des systèmes éducatifs de leur pays. Dans des secteurs de haute qualification ou reposant fortement sur l’innovation, elles se doivent de s’entourer des meilleurs profils et de les garder. L’ensemble du cadre de travail pour l’employé doit être étudié afin d’évaluer si celui-ci assure la stabilité du personnel et surtout la rétention des cerveaux de la société pour sa durabilité future.

C’est sans doute pourquoi les sociétés devraient être plus impliquées dans la formation des étudiants dans des pays comme le nôtre où le système repose essentiellement sur les revenus de source publique. Une meilleure implication du secteur privé permettrait de faire face à la problématique budgétaire des principaux gouvernements européens sans tomber dans un système plaçant la charge principale sur les épaules des ménages et conduisant alors à une inégalité des chances inacceptable.

C’est ce qui est observé dans les systèmes d’éducation en Asie du Sud-Est comme en Chine par exemple. Si Shanghai occupe la première place aussi bien en mathématiques, en sciences ou en capacité de lecture, le système éducatif repose très peu sur les revenus publiques et davantage sur les ménages. L’éducation représente un des plus gros postes de dépenses de ces derniers. D’ailleurs, le phénomène est tel qu’il pourrait conduire à une dangereuse « fièvre » éducative où les familles font face à des choix difficiles comme la vente de leurs logements ou le surendettement afin d’assurer la meilleure éducation possible à leurs enfants.

De plus, les facteurs socio-économiques et culturels expliquent des disparités importantes entre les performances individuelles.

Si le modèle des pays émergents peut nous paraître imparfait, il faut également reconnaître un certain retard en Europe face aux nouvelles technologies et les opportunités que celles-ci offrent notamment en termes de coûts et en termes d’éducation pour tous. En effet, les systèmes éducatifs reposant sur le e-learning, avec une transition de l’enseignement en classe vers un enseignement digital et à la carte, sont avant tout un succès aux Etats-Unis et dans plusieurs pays dits émergents alors que nos pays restent assez frileux sur le recours de ce type de technologie.

La Belgique, mais aussi l’Europe en général, doit définitivement mettre l’éducation au cœur de sa problématique de durabilité, d’une part d’un point de vue économique pour une meilleure efficacité mais d’autre part d’un point de vue de compétitivité de ses entreprises, qui jouiraient d’une main d’œuvre hautement qualifiée et désireuse de développer l’économie domestique. Face au défi démographique, il est temps de ne plus penser sur le court terme mais bien sur l’investissement dans des compétences et qualifications plus durables.

L’éducation est la clé de l’avenir. Elle pose plusieurs questions de durabilité, aussi bien pour les Etats que pour les entreprises.

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Une réponse sur “L’éducation : un défi de durabilité majeur”

  1. Je me permets de rappeler qu’en Belgique, le Pouvoir Organisateur de l’Enseignement à domicile est l’Autorité Parentale. Si plus rien ne va, rien n’empêche de se servir soi-même.
    L’État ne peut agir qu’en tant qu’autorité publique vérifiant si l’on ne fait rien de contraire à l’Ordre public et aux bonnes moeurs. Si donc, des parents instruisent ou font instruire leurs enfants COMME ILS L’ENTENDENT pendant la période d’instruction (qui, elle seule, est obligatoire), ils n’ont rien à craindre, à moins que l’État ne devienne totalitaire… Les fameux Socles de Compétence, nous en avons fait annuler le côté obligatoire, par la Cour Constitutionnelle, et personne ne le sait!
    Quant à la valse des petits papiers que l’État essaie de faire danser à ces parents avec l’argent du contribuable, cela ressemble de plus en plus au ralentissement programmé utilisé par les Soviets jadis.
    Personnellement, je considère comme dangereux de livrer librement et sans discernement nos enfants à l’idéologie très douteuse de l’État.
    Je possède une lettre du Ministre Hazette (Éducation Nationale) reconnaissant que théoriquement, si le P.O. de l’État se permettait de contrôler le niveau du P.O. parental, l’opération inverse serait, elle aussi, légale…
    Je suis prêt à la mettre en oeuvre, histoire de susciter quelques rires gras, mais également à attaquer cet État pour harcèlement si la valse des petits papiers continue… je rappelle aussi qu’une discrimination scandaleuse force ces parents à payer deux fois l’enseignement de leurs enfants, puisque l’État ne leur offre plus ce qu’ils exigent. L’État est très, très riche, et eux, ils sont pauvres et taxés comme des citrons. Un roi et 10 ministres suffiraient, non? Où est-elle cette école de riches qu’ils dénoncent?
    Mes fils, instruits par moi, n’ont eu qu’UN SEUL frein à leurs brillantes études: Le Ministère de la Communauté Française. Ils ne sont pas prêts à l’oublier, croyez-moi!

    Pr Stéphane Feye
    Schola Nova – Humanités Gréco-Latines et Artistiques
    http://www.scholanova.be
    http://www.concertschola.be
    http://www.liberte-scolaire.com/…/schola-nova

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